Le Canada, comme le Brésil, devrait se préoccuper de l'aide gouvernementale que reçoit Mitsubishi Regional Jet pour mettre au point son MRJ.

«Si le Japon fournit de l'aide qui va au-delà de ce que permettent les organisations internationales, ça pourrait mettre en danger les produits existants au Canada et au Brésil, le CRJ700 et CRJ900 de Bombardier et nos modèles E-Jet», a affirmé le président et chef de la direction d'Embraer, Frederico Fleury Curado, en entrevue avec La Presse Affaires au Salon international de Farnborough.

Il a indiqué que le gouvernement du Brésil a entrepris des consultations bilatérales avec le Japon pour éclaircir la question. «Si les règles du jeu sont les mêmes pour tout le monde, ça va, a-t-il déclaré. Mais si MRJ est subventionné, c'est déloyal.»

Le Brésil avait contesté le financement promis par le gouvernement du Royaume-Uni pour la mise au point de composants importants de la CSeries à Belfast.

«Nous ne savons pas s'il s'agit d'un résultat de notre plainte, mais le total de cet aide a été réduit, a déclaré M. Curado. Mais nous voulons quand même des éclaircissements.»

Il y a un peu plus d'un an, l'investissement du Royaume-Uni dans la CSeries est passé de 155 millions de livres (246,8 millions CAN) à 142,7 millions de livres (227,2 millions CAN) parce que l'usine Shorts de Bombardier à Belfast n'a pas réussi à remporter le contrat de fabrication des nacelles des moteurs de la CSeries.

Embraer n'a toutefois pas contesté le financement offert par les gouvernements du Canada et du Québec pour la CSeries. Le grand patron d'Embraer a expliqué qu'après avoir résolu un conflit au sujet du financement des biréacteurs régionaux des deux pays au début des années 2000, le Canada et le Brésil ont continué à travailler ensemble pour éviter de nouveaux problèmes.

«La relation entre le Canada et le Brésil est devenue très positive», a affirmé M. Curado.

Le président d'Embraer ne s'est pas montré inquiet outre mesure au sujet du MRJ lui-même.

«Tout dépendra de sa performance sur le marché, a-t-il déclaré. Son départ n'est pas particulièrement solide, puisque les commandes se limitent à celle d'ANA et à une lettre d'intention.»

M. Curado s'est montré encore plus confiant en ce qui concerne la concurrence du Superjet, de l'avionneur russe Sukhoi, et du biréacteur régional chinois ARJ21. Selon lui, les deux appareils se retrouveront surtout sur les marchés locaux.