L'horizon est sombre pour les employés de Bombardier Aéronautique à Mirabel.

L'entreprise devra revoir ses cadences de production au cours des prochains mois, ce qui ouvre la porte à des mises à pied additionnelles.

«Il y a des risques potentiels avec la cadence de production des biréacteurs régionaux, a déclaré le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, à l'occasion de la divulgation des résultats de Bombardier jeudi. Nous avons, heureusement, eu une commande avec le transporteur régional American Eagle vers la fin de l'année, mais ce n'est pas suffisant à ce point-ci.»

 

L'entreprise devra prendre une décision d'ici de quatre à six semaines.

«Tout dépendra des campagnes (de vente) que nous sommes capables de gagner sur les marchés, a poursuivi M. Hachey. C'est possible qu'il y ait une compression de personnel, mais nous travaillons très fort pour éviter cela.»

Les syndiqués commencent à avoir le moral dans les talons.

«L'atmosphère dans les usines n'est pas terrible, a laissé tomber le président de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ), Yvon Paiement. Nous avons vu des périodes plus heureuses chez nous.»

En novembre dernier, Bombardier Aéronautique a annoncé une réduction de la cadence de production de ses biréacteurs régionaux, ce qui devait se traduire par 715 mises à pied, dont 500 employés syndiqués. Ces derniers ont limité les dégâts et sauvé une centaine d'emplois en acceptant un programme de travail à temps partagé. Or, ce programme devra être revu en juin prochain, et rien ne garantit qu'il sera reconduit.

Les syndiqués avaient accepté le programme dans une proportion de 60%.

«Il y en a des gens qui aiment ça, il y en a d'autres qui apprécient un peu moins, a indiqué M. Paiement. Si les travailleurs n'acceptent pas (de reconduire le programme), il y aura des mises à pied.»

La nouvelle vague de mises à pied invoquée par M. Hachey jeudi viendrait donc exacerber le problème.

Bombardier Aéronautique n'a enregistré que 11 commandes nettes au cours de l'exercice 2010, qui se terminait le 31 janvier 2010, comparativement à 367 commandes nettes au cours de l'exercice précédent. Le faible nombre de commandes nettes en 2010 est dû au fait qu'il y a eu 202 annulations pour 213 commandes brutes.

L'avionneur s'attend à livrer 15% moins d'avions d'affaires et 20% moins d'avions commerciaux au cours de l'exercice 2011, comparativement à l'exercice 2010.

Les syndiqués croient toutefois que des jours meilleurs s'en viennent.

«C'est une question de temps, a lancé M. Paiement. Nous savons qu'avec la CSeries, nous allons prendre beaucoup d'envol. Mais d'ici à ce que tout se place et à ce qu'on parte la machine, il y a un certain délai.»

M. Hachey s'est lui aussi montré optimiste au sujet de la CSeries, la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places de Bombardier.

«Dès que les vents de l'économie tourneront en notre faveur, les commandes vont commencer à affluer», a-t-il soutenu.

Il croit que la nouvelle famille pourra concurrencer les appareils de Boeing et d'Airbus qui visent le même créneau, soit le 737-600 et le 737-700, ainsi que l'A318 et l'A319. «Au cours de l'année, les commandes pour ces appareils étaient inférieures à celles de la CSeries», a fait valoir M. Hachey.

Boeing et Airbus étudient la possibilité de fixer de nouveaux moteurs performants sur ces appareils, mais cela n'effraie pas Bombardier.

«La CSeries aura encore un avantage significatif, avec ses matériaux composites, son poids léger, ses systèmes avancés, son aérodynamisme, a énuméré M. Hachey. Le moteur ne représente que la moitié des économies d'énergie de l'appareil.»

Métro de Montréal

De côté de Bombardier Transport, le président, André Navarri, a voulu faire preuve de patience dans le dossier du remplacement des voitures du métro de Montréal. La Société de transport de Montréal (STM) examine présentement la soumission du groupe espagnol CAF. Elle pourrait par la suite décider d'organiser un nouvel appel d'offres.

«Nous sommes prêts à nous mettre au travail et à livrer dans les détails des voitures qui respectent le très exigeant cahier des charges de la STM, avec le contenu canadien requis, a-t-il simplement déclaré. Nous souhaitons que le problème soit résolu le plus rapidement possible. Il s'agit d'un contrat important pour La Pocatière, mais aussi pour nos ingénieurs à Saint-Bruno et pour nos fournisseurs.»

Bombardier a terminé l'exercice 2010 avec des revenus de 19,4 milliards US, soit légèrement moins que les revenus de 19,7 milliards US enregistrés au cours de l'exercice 2009. Le bénéfice net a chuté de 295 pour s'établir à 707 millions US, soit 39 cents US par action.

Le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin, a affirmé qu'il s'agissait de «bons résultats», étant donné le contexte économique difficile.