Bombardier (T.BBD.B) est en voie de prendre sa revanche sur Alstom en France.

La Société nationale des chemins de fer (SNCF) a choisi Bombardier comme soumissionnaire privilégié pour un mégacontrat de 8 milliards d'euros (12,6 milliards CAN). La société française a ainsi entamé hier des négociations exclusives avec Bombardier pour la fourniture de trains express régionaux (TER) à deux niveaux.

L'action de catégorie B de Bombardier a bondi de 6% pour clôturer à 4,98$, à la Bourse de Toronto hier.

Il y a trois semaines, la SNCF avait annoncé l'attribution d'un contrat de 800 millions d'euros (1,3 milliard CAN) à Alstom pour la fourniture de 100 rames TER à un niveau. Ce contrat ouvrait la porte à la fourniture de 900 rames de plus, pour une valeur totale de 7 milliards d'euros (11 milliards CAN).

 

La décision avait déçu Bombardier. L'entreprise est cependant en mesure de se reprendre avec les TER à deux niveaux. Le contrat qu'elle espère décrocher porte sur une première tranche de 135 rames destinées à sept régions différentes. Diverses options permettront de porter ce nombre à 860 rames, pour un total de 8 milliards d'euros (12,6 millions CAN).

Le porte-parole de Bombardier Transport, Talal Zouaoui, a dit s'attendre à ce que les négociations se poursuivent jusqu'au début de l'année prochaine. Les premières livraisons sont prévues pour 2013. Bombardier entend concevoir et fabriquer les rames à son usine de Crespin, en France.

Alstom avait aussi déposé une soumission pour ce projet, mais elle s'est fait doubler par Bombardier et a loupé le titre de soumissionnaire privilégié. Citant des sources, le magazine spécialisé Ville, rail et transport a expliqué que la soumission de Bombardier était supérieure au niveau des critères techniques et que le manufacturier avait proposé «un prix très agressif», entre 6% et 10% au-dessous du prix de référence de la SNCF.

En attribuant un contrat à Alstom et un autre à Bombardier, la SNCF se trouverait à couper la poire en deux et à ménager les susceptibilités. Déjà, Bombardier avait surpris en remportant un contrat de 2,7 milliards d'euros (4,25 milliards CAN) en 2006 pour la fourniture de 372 automotrices pour le réseau de l'Île-de-France, le Francilien.

M. Zouaoui a noté hier que le TER et le Francilien étaient très semblables.

Fadi Chamoun, analyste de la firme UBS, a indiqué que plusieurs autres marchés intéressants attendaient Bombardier Transport.

«Les occasions à venir sont attrayantes à l'échelle mondiale, avec une demande robuste pour le transport passagers par rail», a-t-il soutenu hier.

En Europe, l'Allemagne s'apprête à remplacer ses trains rapides, alors que la Suisse se prépare à accorder le plus gros contrat de son histoire pour des voitures à deux niveaux.

Le contrat le plus alléchant se prépare toutefois au Royaume-Uni: Thameslink devrait accorder un contrat de 1,4 milliard de livres (2,5 milliards CAN) pour environ 1100 voitures. Avec la maintenance, la valeur de ce contrat atteindrait 4 milliards de livres (7 milliards CAN).

«Bombardier Transport est bien positionnée pour le remporter», a soutenu M. Chamoun.

Du côté nord-américain, le consortium Bombardier-Alstom devrait conclure d'ici peu un contrat pour le remplacement des voitures du métro de Montréal.

De son côté, le Metropolitan Transit Authority de New York a annoncé un programme de capitalisation de 25,5 milliards US qui comprendrait l'acquisition de 500 voitures de métro et 410 voitures de trains de banlieue.

Bombardier Transport a également de belles occasions en vue en Chine et en Inde. La part de marché du manufacturier atteint 20% en Chine et 100% en Inde.