Le Québec chaussera les nouveaux hélicoptères Chinook des Forces canadiennes.

Boeing a signé un protocole d'entente avec la société québécoise Héroux-Devtek pour la fabrication des trains d'atterrissage qui équiperont les hélicoptères Chinook H-47 qui seront livrés à l'extérieur des États-Unis au cours d'une période de quatre ans commençant en 2011. Cela représente une cinquantaine d'appareils, dont les 15hélicoptères de transport commandés par le gouvernement canadien il y a quelques semaines.

En accordant ce contrat militaire de 1,15 milliard de dollars à Boeing, Ottawa a exigé que la multinationale américaine investisse une somme équivalente dans l'économie canadienne dans le cadre d'un plan de retombées industrielles.

Le représentant du développement des affaires de Boeing Integrated Defense Systems, Eddy Morin, a affirmé hier que Boeing avait déjà identifié de 60 à 70% de ces retombées au Canada, soit près de 800 millions de dollars. Il a indiqué que l'entreprise accordera notamment des contrats d'une valeur de plus de 230 millions de dollars à des entreprises québécoises.

Cela comprend le protocole d'entente signé avec Héroux-Devtek. Outre la fabrication des trains d'atterrissage, l'entreprise aura la possibilité d'obtenir une licence de propriété intellectuelle pour entretenir les trains d'atterrissage des appareils Chinook en service dans le monde.

«Cette licence est importante pour nous, a déclaré le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé, au cours d'une conférence de presse organisée dans l'usine de fabrication de trains d'atterrissage de l'entreprise, à Longueuil. Cela va nous donner une visibilité mondiale et nous fournir des revenus pour toute la vie du programme des appareils H-47.»

Pour l'instant, c'est une autre entreprise qui détient le contrat de fabrication des trains d'atterrissage des Chinook livrés aux États-Unis. Lorsque ce contrat viendra à échéance, Héroux-Devtek entend bien tenter de le décrocher.

M. Labbé n'a pas voulu dévoiler la valeur du protocole d'entente conclue avec Boeing. Il a indiqué que celui-ci devrait permettre de maintenir des emplois chez Héroux-Devtek, un aspect particulièrement apprécié dans la difficile période actuelle.

Jusqu'ici, l'entreprise n'a pas eu à faire de mises à pied dans son usine de Longueuil, mais elle a dû proposer un programme de travail à temps partagé dans deux autres usines de la région montréalaise.

Le directeur général de l'École nationale d'aérotechnique, Serge Brasset, s'est réjoui de la nouvelle.

«C'est bon pour les inscriptions», a-t-il lancé.

Lors du dernier ralentissement dans l'industrie aéronautique, au début des années 2000, les mauvaises nouvelles avaient vidé les écoles de techniques aéronautiques. Résultat, les entreprises ont risqué la pénurie une fois la croissance revenue.

Le ministre fédéral des Travaux publics, Christian Paradis, a profité de l'occasion pour annoncer une série de changements à la politique des retombées industrielles régionales liées aux achats militaires. Il s'agit notamment d'allonger la période accordée aux grands contractants, comme Boeing et Lockheed-Martin, pour identifier et générer de telles retombées.

La vice-présidente aux communications de CAE, Nathalie Bourque, a indiqué que ce changement devrait être bénéfique. À l'heure actuelle, les grands contractants doivent se hâter pour identifier des retombées et signer des contrats. Une période plus longue devrait permettre de mieux arrimer leurs besoins avec les offres des entreprises canadiennes. Et ces dernières pourront mettre le pied dans de nouveaux programmes innovateurs lorsque ceux-ci se présenteront.

De même, les grandes multinationales qui accordent des contrats à des fournisseurs canadiens au Canada avant d'obtenir un contrat de la défense pourront accumuler un certain nombre de crédits pour reconnaître ces dépenses une fois le contrat conclu.

Le président de l'Association des industries aérospatiales du Canada, Claude Lajeunesse, a affirmé que ce changement permettra d'intéresser de grands acteurs mondiaux à la chaîne d'approvisionnement canadienne même s'il n'y a pas de grands contrats de la défense qui sont imminents.

«Le gouvernement reconnaît que le programme de retombées industrielles régionales doit servir à construire des liens à long terme entre les grands constructeurs d'avions et toute la chaîne d'approvisionnement au Québec et au Canada», a affirmé M. Lajeunesse.

À la Bourse de Toronto hier, le titre d'Héroux-Devtek a augmenté de 8% pour clôturer à 5,29$.