Air Canada (T.AC.A) passe à l'attaque contre Porter Airlines. Le transporteur a entrepris de rafraîchir son service Rapidair entre Toronto, Montréal et Ottawa et considère un retour à l'aéroport de l'île de Toronto dès 2010.

«La période d'exclusivité dont Porter jouit à l'île de Toronto vient à terme au premier trimestre de l'an prochain, a indiqué le président et chef de la direction d'Air Canada, Calin Rovinescu, dans le cadre d'une rencontre avec l'équipe de La Presse. Nous pouvons envisager que, si nous avons des conditions équitables et acceptables, nous allons potentiellement retourner en 2010.»

En 2000, le prédécesseur d'Air Canada Jazz exploitait 30 vols par jour à partir de l'aéroport de l'île de Toronto. L'entreprise a progressivement réduit ces vols et au début de 2006, Jazz n'en exploitait plus que sept. La Toronto Port Authority, qui administre l'aéroport, a alors mis fin au bail.

Quelques mois plus tard, Porter Airlines a commencé à offrir un service à partir de cet aéroport, situé à quelques minutes du centre-ville de Toronto. Air Canada et Jazz ont tenté de reprendre pied sur l'île, sans succès jusqu'ici.

La Toronto Port Authority a refusé de dévoiler les termes de l'entente conclue avec Porter. Le président et chef de la direction, Alan Paul, a déclaré à La Presse que l'organisation n'avait pas eu de discussion avec Air Canada au sujet d'une reprise du service à l'aéroport de l'île de Toronto.

«La Toronto Port Authority est toujours prête à rencontrer d'autres transporteurs pour discuter d'arrangements potentiels à l'aéroport», a toutefois ajouté M. Paul.

Porter fait surtout concurrence au service Rapidair d'Air Canada, avec un niveau un peu plus élevé de service.

«Nous venons de changer dramatiquement notre produit de Rapidair pour faire face à ce que Porter fait à Toronto», a déclaré M. Rovinescu.

Air Canada a notamment entrepris d'offrir plus de services dans les salles d'attente de Rapidair. Le transporteur veut aussi faciliter l'accès aux comptoirs d'enregistrement de Rapidair.

M. Rovinescu a toutefois tenu à remettre en perspective la concurrence de Porter Airlines. «Porter offre un très bon produit, mais c'est limité parce que c'est à partir de l'île de Toronto, a-t-il affirmé. C'est très difficile pour eux de faire des correspondances.»

Il a ajouté qu'Air Canada avait dû se frotter à beaucoup de concurrents au cours des années, mais que la plupart avaient disparu, comme Canada 3000 et Royal Aviation.

«Je pense que Porter est une bonne compagnie, a-t-il toutefois ajouté. Nous allons continuer à améliorer nos produits pour faire face à ça.» Air Canada a notamment commencé à faire le ménage dans ce que plusieurs passagers considèrent comme des sources d'irritation.

«L'idée de faire payer les gens pour qu'ils puissent parler à quelqu'un du centre d'appels, je n'étais pas d'accord avec ça, a déclaré M. Rovinescu. Nous avons éliminé ça.»

Air Canada examine également la possibilité d'éliminer les frais exigés pour choisir un siège sur les liaisons domestiques, ainsi que le service payant «J'y serai», qui permet aux passagers d'avoir accès à une aide en cas de retard ou d'annulation indépendante de sa volonté.

Par contre, Air Canada conserve pour l'instant sa grille tarifaire, qui permet d'acheter à la pièce différents services.

Plaque tournante

Au cours de l'entrevue, M. Rovinescu a tenu à exprimer son attachement pour Montréal.

«Je veux que Montréal redevienne une plaque tournante pour Air Canada, a-t-il affirmé. Évidemment, Toronto est Toronto, ce qui est là depuis une vingtaine d'années ne disparaîtra pas, mais Montréal sera plus important qu'avant.»

Il a affirmé qu'Air Canada avait pris un risque en offrant de nouvelles destinations à partir de Montréal, comme Genève. Or, Genève est maintenant une des liaisons les plus profitables du transporteur.

«Nous pensons que ce pourrait être la même chose avec notre nouvelle liaison avec Bruxelles.»

Air Canada a achevé pour l'instant le renouvellement de sa flotte avec un dernier appareil Boeing 777 reçu en juillet. Le transporteur avait commandé des Boeing 787, mais des délais dans le programme de développement de cet appareil ont repoussé de plusieurs années les livraisons. Au grand plaisir d'Air Canada, en pleine restructuration financière. «Ça faisait mon affaire», a admis M. Rovinescu.

Il a toutefois indiqué qu'Air Canada examinera d'autres projets de renouvellement dans un an. ll faudra notamment remplacer 35 appareils A319, qui ont un âge moyen de plus de 11 ans. Ces appareils ont 120 sièges, ce qui tombe pile dans le segment de la nouvelle CSeries de Bombardier.

«Après cette période difficile, nous allons regarder du côté de la CSeries, c'est évident», a déclaré le grand patron d'Air Canada.