Trop bien payés, les hauts dirigeants des banques canadiennes? Une chose est certaine, pour la première fois, leur rémunération totale vient de passer le seuil des 200 millions de dollars parmi les 6 grandes banques.

C'est ce qui se dégage d'une compilation des informations comptables contenues dans les circulaires de direction de ces banques pour leur exercice 2013. La dernière en lice, celle de la Banque CIBC, a été déposée hier auprès des autorités boursières.

Dans les entreprises à capital ouvert en Bourse, faut-il rappeler, la circulaire de direction est l'un des principaux documents préparatoires à l'assemblée des actionnaires, avec le rapport annuel.

Parmi les banques canadiennes, dont l'exercice se termine le 31 octobre au lieu du 31 décembre pour la plupart des entreprises, la saison des assemblées annuelles d'actionnaires a lieu ces semaines-ci.

Ces assemblées sont parmi les plus surveillées du milieu des affaires au Canada, en raison notamment de leur «vote consultatif» des actionnaires sur la politique de rémunération des dirigeants.

Cette saison des assemblées pour l'exercice 2013 a débuté en février avec la Banque Royale. Elle se poursuivra en rafale durant les deux premières semaines d'avril.

Chez les deux banques d'origine québécoise, la Nationale et la Laurentienne, les assemblées d'actionnaires sont convoquées respectivement le 10 avril, à Calgary, et le 2 avril, à Montréal.

Y verra-t-on de nouveaux débats sur la rémunération des hauts dirigeants, en plus des autres sujets ciblant leur conseil d'administration? Ça sera évidemment à surveiller au cours des prochaines semaines.

Pour leur part, des analystes en gouvernance d'entreprises continuent de montrer du doigt les banques comme des exemples de rémunération exagérée des hauts dirigeants. Ils estiment aussi cette rémunération encore trop mal ajustée à la performance d'affaires véritable des banques par rapport à leur valorisation en Bourse.

Bonus en options d'achat d'actions

L'un des critiques les plus persévérants à ce sujet, le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), d'origine québécoise, a d'ailleurs inscrit parmi ses propositions spéciales en assemblée d'actionnaires une remise en question des bonus en options d'achat d'actions.

Ces bonus, dont la valeur dépend surtout de la performance en Bourse, forment une part significative de la rémunération de dirigeants de grandes entreprises, comme les banques.

Encore cette année, la compilation de la rémunération totale des hauts dirigeants des grandes banques montre que le tiers environ du total de 209 millions est constitué de la valeur attribuée à leurs bonus en options d'achat d'actions.

Cette valeur est en surplus de celle attribuée aux bonus en actions et les autres «incitatifs annuels».

De plus, parmi les présidents des six banques, la valeur attribuée à ces bonus en titres à conversion future se compte maintenant en dizaines de millions de dollars dans leurs actifs personnels qui sont liés directement à leur fonction de direction.

Se compte aussi dans ces actifs personnels la valeur considérable, en dizaines de millions, attribuée à leurs futures prestations de retraite.

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209 MILLIONS POUR LA DIRECTION DES BANQUES EN 2013

(en dollars canadiens, en fin d'exercice 2013)

Banque | Rémunération des hauts dirigeants (1) | Variation en un an | Variation du bénéfice net

Royale / RBC | 47,6 millions | + 7% | + 11,9%

TD | 40,6 millions | + 8% | + 2,9%

Scotia | 39,6 millions (2) | + 21% (2) | + 2,8%

CIBC | 28,4 millions | + 5% | + 2,1%

de Montréal / BMO | 29,9 millions | + 8% | + 1,6%

Nationale | 22,9 millions | + 7% | - 5,2%

Total : 209 millions | + 9,6% | s.o.

Note 1 : Rémunération totale incluant salaire de base, primes en actions et options et autres mesures incitatives annuelles, contributions bonifiées aux régimes de retraite.

Note 2: Comprend six hauts dirigeants au lieu des cinq habituels, avec le nouveau président et chef de la direction.