Connaissez-vous le risque de fluctuation du rendement des fonds communs dans lesquels vous avez investi plusieurs milliers de dollars?

Sans doute un peu. Mais fort probablement selon la seule mesure dont vous a fait part le conseiller financier, la banque ou la caisse populaire où vous avez acheté ces placements.

Or, de l'avis des principaux régulateurs financiers au Canada, ces mesures de risque de fluctuation des fonds communs demeurent trop «incohérentes» d'une firme financière à une autre.

Sans mesure uniformisée, les investisseurs ne pourraient vraiment comparer le risque de volatilité du rendement entre les fonds de divers types. Et encore moins entre les fonds proposés par des firmes concurrentes.

Pour corriger cette lacune, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM), dont fait partie l'Autorité des marchés financiers (AMF) québécoise, proposent d'instaurer une «méthode normalisée de classification du risque» des fonds communs.

Une proposition à cette fin vient d'être diffusée, il y a quelques jours, afin de recueillir d'ici la mi-mars les commentaires des intervenants dans un secteur majeur des finances personnelles au Canada.

Au dernier compte connu, les fonds d'investissement frôlent les 975 milliards de dollars en actif sous gestion, provenant de 4,3 millions de ménages canadiens.

Selon la proposition des ACVM, une prochaine mesure obligatoire de risque des fonds communs serait basée sur la volatilité de leur rendement, en combinant le court terme et le long terme.

Cette mesure uniformisée serait calculée avec l'écart type en 10 ans des variations du rendement total mensuel de chaque fonds. Pour ceux de moins de 10 ans, les données manquantes seraient comblées par le rendement total mensuel du principal indice de référence de chaque fonds.

Une fois établi, ce calcul uniformisé du risque de volatilité de rendement de chaque fonds serait ensuite classé selon six catégories: d'un risque «faible» à un risque «très élevé».

Selon les ACVM, l'instauration d'une mesure uniformisée permettrait aux investisseurs de mieux comparer le risque de volatilité de rendement entre les divers fonds d'investissement. Et cela, en fonction de leurs objectifs personnels de placement et de leur tolérance aux variations de rendement.

En l'absence d'une telle mesure uniformisée, soutiennent les ACVM, les investisseurs en fonds communs demeurent soumis à des «incohérences dans les mesures de risque».

Chez les firmes de fonds, on accueille cette proposition des ACVM sans surprise, mais avec scepticisme.

D'une part, on doute de la pertinence de rendre obligatoire une mesure de risque qui serait déjà très courante parmi les fonds d'investissement, à la suite de normes d'informations révisées il y a quelques années.

D'autre part, le secteur des fonds critique le calibrage des six niveaux de risque de volatilité de rendement, tel que proposé par les ACVM.

«Plusieurs fonds se retrouveraient en catégorie de risque plus élevé qu'auparavant, même si rien n'a changé dans leur portefeuille. Cela provoquerait beaucoup d'erreurs de perception parmi les investisseurs, que nous aurions ensuite peine à leur expliquer», appréhende Gaétan Ruest, directeur du comité de risque de l'Institut des fonds d'investissement du Canada (IFIC) et vice-président à la recherche au Groupe Investors.

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LES FONDS D'INVESTISSEMENTS AU CANADA

> 971 milliards : actif géré au 30 octobre 2013

> 4,3 millions : ménages canadiens ayant investi dans des fonds communs

> 26%: part de l'avoir financier des Canadiens dans les fonds communs

> 2,5 milliards : moyenne de l'apport net mensuel de capitaux depuis 12 mois

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RÉPARTITION DES TYPES DE FONDS D'INVESTISSEMENT

(Au 30 octobre 2013)

> Fonds équilibrés: 47,8%

> Fonds d'actions: 32,6%

> Fonds d'obligations: 13,7%

> Fonds spécialisés: 2,9%

> Fonds monétaires à court terme: 2,8%