Le fournisseur de produits et services aux conseillers financiers B2B acquiert un concurrent, Fiducie AGF, pour 242 millions de dollars, avec le coup de pouce de la Caisse de dépôt. La transaction fera grandir le portefeuille de prêts de cette filiale de la Banque Laurentienne (BL) de 50% et ses dépôts, de 30%.

Par cette transaction, B2B cherche à accroître ses marges par des économies d'échelle. Le nombre de clients passe à 750 000, en hausse de 25%, tandis que le nombre de conseillers distribuant des produits B2B progressera de 17%, passant de 23 000 à 27 000 personnes.

Le nouveau B2B, post-AGF, aura en portefeuille 9 milliards de prêts, des dépôts de 13 milliards et des actifs sous gestion de 24 milliards. La transaction devrait se conclure en août prochain et est sujette à l'approbation des autorisations réglementaires.

Il s'agit d'une deuxième acquisition d'envergure pour B2B après MRS Trust en septembre 2011.

La BL estime que la transaction ajoutera entre 28 et 30 millions à ses profits à partir de 2014, grâce en grande partie aux synergies. Il y aura toutefois une facture de 30 à 35 millions à payer en coûts d'intégration non récurrents en 2013.

B2B est convaincu de pouvoir conserver comme clients les conseillers desservis par AGF. «Ce qu'on a vécu jusqu'à maintenant avec l'intégration de MRS démontre notre succès à retenir avec nous les conseillers financiers. On croit que ce sera la même chose avec AGF Trust, car B2B a une excellente réputation chez les courtiers et les conseillers financiers», soutient au téléphone François Desjardins, président de B2B Trust, qui deviendra B2B Banque le 7 juillet prochain.

Autre avantage de la transaction, les marges de Fiducie AGF sont meilleures que celles de B2B. AGF fait du prêt dit ALt-A, plus risqué donc plus payant que le prêt traditionnel offert par B2B. À titre d'exemple, on peut imaginer qu'AGF fait du prêt hypothécaire auprès des travailleurs autonomes. Cette clientèle est considérée comme plus à risque par les prêteurs étant donné l'absence de revenus récurrents.

À ce propos, la Laurentienne allongera 20 millions additionnels répartis en cinq ans si la qualité de crédit du portefeuille de prêt atteint certains critères.

La Caisse passe de la parole aux actes

Dans le but de respecter les accords de Bâle III sur la capitalisation des institutions financières, la banque a émis des reçus de souscription pour 120 millions à deux investisseurs dans le cadre d'un placement privé. La Caisse de dépôt - deux jours après que son président Michael Sabia eut annoncé publiquement que la Caisse concentrerait à terme ses investissements dans le secteur bancaire canadien auprès des deux ou trois meilleures banques au pays - injecte 100 millions dans l'institution financière québécoise et devient l'un de ses principaux actionnaires avec environ 8,5% du capital-actions de la Laurentienne. En dépit de toutes ses qualités, la Laurentienne n'est pourtant pas la plus rentable des banques canadiennes.

«Tout ce que je peux vous dire, c'est que la Laurentienne est une bonne banque, en croissance, bien gérée, qui performe bien malgré sa taille plus modeste, a expliqué au téléphone Normand Provost, premier vice-président, Placements privés, de la Caisse. La Banque Laurentienne répond très bien à nos critères d'investissement de long terme.»

De son côté, le Fonds FTQ prend pour la première fois une participation dans une banque canadienne, confirme son porte-parole, Patrick McQuilken. Le Fonds FTQ détiendra 480 000 actions de BL.

Fiducie AGF appartient à AGF Management, une société cotée en Bourse. Hier, AGF Management a gagné 52 cents, ou 4,4%, à 12,24$. La Laurentienne a avancé de 1,11$, ou 2,7%, à 42,35$.