C'est à une adresse très symbolique que la société de gestion de fortune Cumberland vient de s'installer: 2080, boulevard René-Lévesque Ouest. La résidence d'influence néo-classique a été construite en 1850 par la famille du premier millionnaire canadien-français, Joseph Masson, seigneur de Terrebonne, qui a fait fortune avec une société d'importation où il était entré comme simple commis.

En ouvrant un bureau à Montréal, la société torontoise veut faire la cour aux millionnaires du Québec. Cumberland Private Wealth Management compte sur une équipe de 25 professionnels de l'investissement à Toronto. Mais c'est Daniel Labrecque, fondateur de la société de financement d'entreprises DNA Capital, qui sera le pivot de Cumberland à Montréal.

Gestion sur mesure

Cumberland a été fondée en 1997 par Gerry Connor, qui avait déjà fait sa marque avec Connor, Clark&Co., Connor, Clark&Lunn et la société de fonds communs 20/20, trois firmes qui géraient des actifs combinés de 16 milliards de dollars.

Cumberland se concentre sur la clientèle fortunée, comme des professionnels ou des entrepreneurs qui ont au moins 1 million de dollars à investir. «Ce que nous offrons à partir de 1 million est habituellement offert par nos concurrents à partir de 5 ou 10 millions d'actifs», assure M. Connor.

Par exemple, Cumberland ouvre un compte distinct pour chaque client, contrairement à certains concurrents qui centralisent les actifs de leurs clients dans une caisse commune. L'avantage? Une gestion sur mesure qui répond exactement aux objectifs de chacun, plutôt qu'une gestion homogène dictée par un gestionnaire qui connaît peu la clientèle. La formule est aussi plus transparente, plus efficace sur le plan fiscal, et plus sécuritaire, car les clients détiennent les titres dans leur propre compte, considère M. Connor.

Le gestionnaire est connu pour son style à contre-courant. Il descend en flammes les gestionnaires «momentum» qui ne font que suivre les modes. «Quand la tendance s'inverse, ce sont leurs clients qui vivent avec les conséquences, car, dans bien des cas, leur propre argent n'était pas en jeu», déplore-t-il.

Chez Cumberland, la plupart des gestionnaires investissent de la même façon, qu'il s'agisse de leur propre argent ou de celui de la clientèle. La firme vise la protection et la croissance du capital, alors que de nombreux gestionnaires cherchent surtout à surpasser l'indice de référence.

«Dans d'autres organisations, le gestionnaire est mandaté pour maintenir le portefeuille pleinement investi, peu importe les marchés. Si le marché est susceptible de baisser, c'est à l'investisseur de rééquilibrer son portefeuille et de vendre des parts du fonds», explique M. Connor. Autrement dit, le gestionnaire n'a pas toute la latitude pour protéger ses clients.

Éviter les crises

Pour sa part, Cumberland ne reste pas collé sur l'indice. C'est qui lui a permis d'esquiver le gros de la crise du crédit.

«En 2008, tout a descendu. Mais nous avons réussi à éviter les secteurs qui étaient les plus surévalués. Aussi, nous avons réduit notre exposition sur les marchés boursiers», indique le chef des investissements, John Wilson, qui gardait 40% d'encaisse dans les portefeuilles, juste avant la crise.

«Lorsqu'on n'aime pas le marché, dit-il, nous sortons les actifs de nos clients du marché.»