La Banque Royale, premier prêteur en importance au pays, cherche des acheteurs pour sa banque américaine grand public qui n'est pas rentable, selon trois personnes au courant des pourparlers.

L'entreprise canadienne obtient des conseils de JP Morgan Chase&Co. concernant la vente potentielle de sa division RBC Bank, ont indiqué les sources, qui ont requis l'anonymat parce que les pourparlers sont privés. Parmi les acheteurs potentiels, on compte U.S. Bancorp et PNC Financial Services Group Inc., d'après Pri de Silva, analyste de CreditSights Inc.

«Au cours des dernières années, nous avons été très déçus de leurs résultats aux États-Unis», lance Tony Demarin, responsable des placements chez BCV Asset Management, à Winnipeg, qui gère des actifs de 290 millions de dollars, y compris des actions de la Banque Royale. «Aux États-Unis, ajoute-t-il, il faut une forte présence et une masse critique de succursales. Je ne crois pas que la Banque Royale ait réussi à obtenir cela.»

La concurrence

La Banque Royale songe à retirer ses billes du marché des prêts à la consommation aux États-Unis après avoir investi environ 4,6 milliards US au cours de la dernière décennie pour mettre la main sur des banques dans des États du Sud-Est, dont la Caroline-du-Nord, la Floride et l'Alabama. Cette décision du prêteur canadien intervient au moment où des concurrents tels que la Banque Toronto-Dominion et la Banque de Montréal poursuivent leur essor en acquérant des banques américaines en difficulté en Floride et au Wisconsin.

Katherine Gay, porte-parole de la Banque Royale, a refusé de faire des commentaires sur une vente potentielle de RBC Bank, ajoutant que la banque s'en tient à sa stratégie de croissance aux États-Unis.

Hier, le titre de la Banque Royale, qui offre la meilleure performance parmi les actions des banques canadiennes cette année, a gagné 0,02%, à 60,29$, à la Bourse de Toronto.

Lourdes pertes

La division bancaire internationale de la Banque Royale, qui comprend RBC Bank, de Raleigh, en Caroline-du-Nord, avait subi 10 pertes trimestrielles de suite avant de retrouver le chemin de la rentabilité au cours du premier trimestre de 2011, selon les états financiers de la société. Cependant, la division américaine de banque grand public a perdu de l'argent au premier trimestre, avait annoncé le 3 mars dernier Gordon Nixon, PDG de la Banque Royale. RBC Bank est la plus petite entité des activités de la Banque Royale aux États-Unis, qui comprennent également une division de gestion de patrimoine et la banque d'affaires RBC Marchés des capitaux.

«Si la division américaine ne constitue pas une priorité, il serait préférable qu'ils soient vendeurs», soutient Keith McLean, qui gère un portefeuille de 150 millions chez GMP Investment Management, à Toronto.

Au 31 décembre dernier, RBC Bank disposait de 4 milliards US en fonds propres et des actifs de 27,6 milliards US, selon des données du site web de la Federal Deposit Insurance Corp.

Il est peu probable que les plus grandes banques américaines soient intéressées à faire une offre pour RBC Bank, estime M. de Silva.

D'après ce dernier, Bank of America, Wells Fargo, JP Morgan et Citigroup font face à des contraintes liées à leurs parts du marché des dépôts, ce qui limite leur marge de manoeuvre, et les banques susceptibles d'être intéressées sont U.S. Bancorp, PNC Financial Services Group ou BB&T.

Pour leur part, les banques telles que Fifth Third Bancorp et SunTrust Banks ne cherchent probablement pas à assurer leur croissance par des acquisitions à cause de leur récent rachat d'actions privilégiées qui étaient détenues par le département américain du Trésor.