La rumeur l'envoie régulièrement à toutes sortes de postes, mais c'est à la Banque Royale que Michael Fortier travaillera désormais. La plus importante banque canadienne a repêché l'ancien ministre du gouvernement conservateur, qui deviendra vice-président du conseil de sa division de courtage, RBC Marchés des capitaux.

La décision n'a pas été trop difficile à prendre, a expliqué le principal intéressé hier lors d'un entretien avec La Presse Affaires. «Ils m'offrent de retourner faire du financement corporatif à temps plein, et c'est une opportunité que je ne voulais pas manquer.»

Depuis sa défaite aux élections fédérales à l'automne 2008, Michael Fortier agit comme conseiller stratégique pour le cabinet d'avocats Ogilvy Renault. Il est aussi conseiller pour la banque d'affaires américaine Morgan Stanley, en plus d'être membre des conseils d'administration de CAE et d'Aeroplan, en autres.

De son propre aveu, Michael Fortier s'ennuyait de l'action. «J'étais dans le monde du financement, mais mes manches n'étaient pas relevées», illustre-t-il.

Il sera maintenant plongé complètement et quotidiennement dans les fusions et acquisitions et le financement corporatif. À partir du 4 octobre, il travaillera à Montréal, avec Pierre Fleurent, le responsable du financement corporatif de RBC au Québec, qu'il qualifie de «garçon très doué».

À 48 ans, Michael Fortier estime avoir encore beaucoup de temps devant lui. C'est la raison pour laquelle il ne ferme pas la porte à un retour en politique.

«J'ai beaucoup aimé mon expérience à Ottawa, dit celui dont le nom circulait encore récemment pour remplacer le chef libéral Jean Charest. Je ne tourne pas la page, mais ça ne hante pas mes pensées.» Michael Fortier a été ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux et ministre du Commerce international dans le cabinet de Stephen Harper.

Après son passage en politique, il a accepté des mandats spéciaux comme la négociation du retour du Grand Prix de Formule 1 à Montréal avec Bernie Ecclestone et la recherche d'un acheteur pour la raffinerie de Shell à Montréal.

Chez RBC Marchés des capitaux, M. Fortier sera un peu l'équivalent de Jacques Ménard à la Banque de Montréal. La Banque Royale a déjà eu un représentant avec des responsabilités équivalentes, mais elle n'avait plus personne et cherchait la perle rare depuis quelques années.

Pour Michael Fortier, il s'agit d'un retour à ses anciennes amours. Il a commencé sa carrière dans le secteur du financement corporatif, d'abord chez Ogilvy Renault, puis au crédit Suisse et chez TD Valeurs mobilières, où il a été directeur général des activités de banque d'investissement au Québec avant d'entrer en politique.

Résultats décevants

La plus importante banque canadienne a rapporté hier un bénéfice net de 1,3 milliard, en baisse de 18%, pour le troisième trimestre qui a pris fin le 31 juillet. À 84 cents par action, le profit net est inférieur aux attentes du marché, ce qui a fait plonger l'action de 1,74$ ou 3,4% à la Bourse de Toronto. Le titre a fini la journée à 48,95$, son plus bas niveau de l'année.

Les revenus du trimestre ont atteint 6,8 milliards, en baisse de 13%. RBC Marchés des capitaux a vu son bénéfice chuter de 64%, à 210 millions, en raison de la faiblesse des marchés boursiers qui a suivi la crise européenne. Les revenus de courtage, par exemple, ont fondu de 93%, passant d'un record de 1,74 milliard pour la même période l'an dernier à 125 millions.

«Une des plus grandes forces de la Royale est le marché des capitaux, et si la tendance se poursuit, ça s'annonce comme un secteur faible», a commenté l'analyste John Kinsey, de Caldwell Securities à Toronto, interrogé par Bloomberg. «Mais le reste de la Royale est plutôt solide», a-t-il ajouté.

Dans ses succursales au Canada, les affaires vont bien pour la Banque Royale. Le bénéfice des activités de détails est en hausse de 14%, à 766 millions, à cause de la croissance des prêts hypothécaires, des prêts personnels et des dépôts, et d'une réduction des provisions pour pertes.

BANQUE ROYALE

3e TRIMESTRE 2010

Revenus totaux

6,82 milliards

-12%(VAR. UN AN)

Bénéfice net

1,27 milliard

-18%(VAR. UN AN)

Bénéfice net par action (dilué)

0,84$

-20%(VAR. UN AN)

Rendement des capitaux propres

14,3% -5 points

Source : Banque Royale/RBC