Il faudra surveiller les résultats des grandes banques au cours des deux prochains jours: parmi ce groupe, la Banque Nationale (t.na) pourrait se hisser dans le club sélect des entreprises milliardaires quant au profit annuel.

C'est du moins ce que prévoient les analystes des banques et des autres sociétés de services financiers.

Selon un relevé de l'agence Bloomberg, la moyenne des prévisions d'analystes à propos de la Nationale équivaut à un bénéfice net tout juste au-dessus du milliard de dollars.

S'il s'avère, un tel profit annuel constituerait un record pour la principale banque à propriété québécoise, qui célèbre d'ailleurs son 150e anniversaire.

Toutefois, la Nationale ne serait pas la première institution financière centrée au Québec à franchir le seuil du milliard de bénéfice annuel.

Son principal concurrent, le Mouvement Desjardins, avait atteint cette marque à son exercice 2007, il y a deux ans.

Il pourrait l'atteindre de nouveau cette année, si l'on se fie à sa rentabilité jusqu'à maintenant, un an après un exercice anémique en raison de l'impact de la crise financière et de la crise des papiers commerciaux (PCAA).

À la Banque Nationale, aussi, un profit de l'ordre du milliard de dollars confirmerait un redressement significatif de la rentabilité après deux exercices décevants.

Au chapitre du bénéfice par action, les analystes s'attendent à 6,20$ pour l'exercice terminé le 31 octobre. À condition que la Nationale ne gonfle ses provisions pour mauvais prêts en fin d'exercice, en précaution face à la récession.

Dans le cas contraire, «la Nationale pourrait être la première parmi ses pairs à pouvoir rehausser son dividende», prévoit notamment l'analyste Mario Mendonca, de Genuity Capital à Toronto.

En fait, le sommet précédent de profit pour la Nationale remonte trois ans en arrière. La banque avait clos son exercice 2006 avec un bénéfice net de 871 millions, ou 4,90$ par action (dilué).

Les deux exercices suivants furent très affectés par des événements graves dans le secteur financier canadien et mondial.

En 2007, la crise du marché des PCAA non bancaires, où la Nationale était bien empêtrée, avait provoqué une forte rechute de son bénéfice. À seulement 541 millions, la rentabilité annuelle de la Nationale avait été recalée à son niveau de cinq ans auparavant.

L'impact de la crise des PCAA s'est prolongé durant l'exercice 2008 de la Nationale, avant que ne survienne le krach financier de l'automne. Par conséquent, les actionnaires de la Nationale ont dû se contenter l'an dernier d'un profit de 776 millions.

En fait, la rentabilité de tout le secteur bancaire a subi une râclée en 2008. Autour de 12,5 milliards, le bénéfice total des principales banques avait reculé de 37% par rapport à la performance de l'année précédente.

Un an plus tard, la situation est tout autre.

Selon les analystes, le bénéfice total des six principales banques en 2009 devrait repasser le seuil des 19 milliards, semblable aux exercices 2007 et 2006.

Les annonces de quatre banques sont attendues d'ici vendredi dans la foulée de la Banque de Montréal (BMO), la semaine dernière.

BMO a déclaré un bénéfice trimestriel en hausse de 16%, mieux que prévu par les analystes. Pour tout l'exercice, le bénéfice net de BMO, à 1,97 milliard, s'est avéré inférieur de 200 millions au précédent.

Mais il s'agit d'une différence attribuable surtout à la hausse de provisions pour mauvais prêts plutôt qu'une détérioration des résultats d'exploitation.

 

ACTIONNAIRE DU CANADIEN

La Banque Nationale fait désormais partie du groupe d'actionnaires minoritaires au consortium des frères Molson qui a racheté le club de hockey Canadien, le Centre Bell et le Groupe spectacles Gillett. La banque a confirmé cet investissement, sans en préciser la valeur toutefois, au moment de l'annonce hier de la clôture officielle de la transaction, après le feu vert de la Ligne nationale de hockey. Cet investissement de la Banque Nationale s'ajoute à son mandat de chef du syndicat financier qui a appuyé la transaction réputée à hauteur de 575 millions de dollars.