La réforme de la régulation financière proposée hier par le président Barack Obama a été accueillie avec scepticisme par plusieurs économistes pour qui elle ne va pas assez loin.

La nécessité de cette réforme, qui vise à combler des lacunes béantes ayant permis à la finance américaine de prendre des risques démesurés, faisait pourtant l'unanimité.

«Dans l'ensemble, cela suit les principes généraux de ce que la plupart d'entre nous voulions voir, mais il y a eu certains aspects qui représentent des occasions manquées», considère Douglas Elliott, économiste à la Brookings Institution.

Il s'est dit déçu de voir que l'architecture globale resterait quasi inchangée, avec la seule disparition du bureau de supervision des caisses d'épargne. Cinq sur six institutions resteront en place.

«Avoir autant d'instances de régulation laisse toujours possible le système de choix» entre les régulateurs, qui «permet aux sociétés de trouver le maillon faible», souligne-t-il, faisant référence au fait que par le passé plusieurs sociétés ont pu changer de statut pour échapper à la vigilance de tel ou tel régulateur, comme la banque Washington Mutual, qui a fait faillite en septembre 2008.

«Aujourd'hui nous sommes au moment précis où il faut mettre un terme définitif aux chamailles juridiques et aux guerres de clocher qui ont alimenté une structure archaïque incapable d'empêcher la crise ou de la gérer», approuve Hal Schott, professeur de finance à Harvard et directeur du Comité sur la régulation des marchés financiers, groupe indépendant créé en 2006.

L'un des aspects les plus critiqués a été le rôle étendu qui devrait être accordé à la banque centrale, la Réserve fédérale, pour superviser les institutions financières dont la faillite menacerait la stabilité du système, même si ces sociétés n'ont rien à voir avec la banque, le champ traditionnel d'intervention de la Fed.

Fusionner des instances de régulation «est assurément sensé», opine Diana Furchtgott-Roth, du Hudson Institute, s'insurgeant en revanche contre une disposition de la réforme destinée à donner au gouvernement le pouvoir de placer sous tutelle les plus grosses sociétés qui menaceraient de s'écrouler.

«L'idée que l'État prenne le contrôle de groupes qui ont des problèmes parce qu'il décide qu'ils sont «trop gros pour faire faillite» est une invitation au clientélisme politique», s'inquiète-t-elle.

Des critiques sont aussi venues du secteur financier, soucieux de ne pas perdre sa liberté d'action.

Le projet «va encore alourdir la finance américaine d'une régulation inutile qui va générer des coûts et abaisser la qualité des services financiers, en fournissant des avantages compétitifs aux sociétés les plus grosses et les moins innovantes», a accusé le président du fonds Euro Pacific Capital, Peter Schiff.