Une enquête sur les déboires de la Caisse de dépôt et placement du Québec ne servirait que les intérêts partisans de l'opposition, a soutenu le premier ministre Jean Charest, mercredi.

À l'Assemblée nationale, le premier ministre a opposé une fin de non-recevoir à la chef du Parti québécois, Pauline Marois, qui réclame la tenue d'une enquête du vérificateur général sur les pertes de 40 milliards $ accusées par la Caisse en 2008.

Du même souffle, M. Charest a repoussé du revers de la main la proposition péquiste de créer un comité d'experts «non partisans» pour revoir les règles prudentielles et le mandat du «bas de laine» des Québécois.

Le premier ministre a justifié son double refus en mettant en doute la pureté des intentions de la chef péquiste.

«On le sait, la chef de l'opposition officielle voudrait que le PQ ait les deux mains dans la gestion de la Caisse de dépôt et placement du Québec», a-t-il avancé, au cours des échanges en Chambre.

Selon le premier ministre, la commission parlementaire spéciale de 30 heures qui s'est terminée mardi a permis de tirer les leçons adéquates pour la suite des choses.

Il a cité les mesures annoncées par le ministre des Finances, Raymond Bachand, pour accroître la transparence et la reddition de comptes de l'institution.

À la dernière journée des audiences, M. Bachand a fait savoir que la Caisse devra désormais comparaître une fois l'an en commission parlementaire pour répondre aux questions des députés sur son rapport annuel et sur sa gestion des risques.

D'une durée de quatre heures, la comparution des dirigeants de la Caisse s'ajoutera à l'examen annuel des crédits.

De plus, à compter de 2010 et à tous les trois ans, la Caisse devra déposer un plan d'orientation sur sa vision et ses priorités.

En ruant dans les brancards en faveur d'une enquête, le PQ cherche uniquement à se faire du capital politique aux dépens de l'intérêt public, a estimé le premier ministre.

«La chef de l'opposition officielle voudrait prolonger, prolonger, prolonger encore le débat sur la Caisse de dépôt et placement du Québec. Je pense que tout le monde sait pourquoi: parce qu'elle y voit une espèce d'avantage politique pour elle-même», a lancé M. Charest.

Le premier ministre est d'avis que l'intérêt public sera mieux servi si la nouvelle direction de la Caisse peut enfin mettre derrière elle le désastre de 2008 pour se consacrer à ses tâches.

«L'intérêt des Québécois et les intérêts supérieurs du Québec nous amènent à tirer des leçons de plus de 30 heures de commission parlementaire (...) puis maintenant on veut que la Caisse se concentre sur les activités de la Caisse», a-t-il fait valoir.

Mais pour la chef péquiste, les auditions publiques n'ont certainement pas permis de lever le voile sur les causes de la catastrophe financière.

Elle croit qu'une enquête du vérificateur est nécessaire pour identifier la chaîne d'événements qui ont conduit la Caisse à perdre 10 milliards $ de plus que les institutions comparables l'an dernier.

«Si, en 2002, le chef libéral et actuel premier ministre trouvait justifié de mandater le vérificateur général pour enquêter sur une perte de 30 millions $ dans Montréal Mode de la part de la Caisse, comment pourrait-il refuser que le vérificateur général ait un mandat pour vérifier une perte mille fois plus importante?», a-t-elle illustré.

L'Action démocratique du Québec exige aussi une enquête du vérificateur général, mais va plus loin que le PQ en réclamant la tenue d'un large débat sur l'avenir de la Caisse.

Pour le député de Shefford, François Bonnardel, le temps est venu de remettre en question le monopole exercé par le fleuron de la Révolution tranquille.

«Autant amener une concurrence pour que les déposants puissent décider, par eux-mêmes, de dire: «on prend nos sous, on les amène dans un fonds privé'. Pourquoi pas?», a dit le porte-parole de l'ADQ en matière de finances.