Allen Stanford, au centre d'une fraude de 8 milliards de dollars, est un milliardaire texan de troisième génération, grand amateur d'îles tropicales et de sports chics.

Né en 1950 dans la petite ville pétrolière de Mexia, à une heure et demie au sud de Dallas, Allen Stanford a repris la société financière familiale fondée en 1932 en pleine crise économique, en orchestrant un rapide développement international, tout en se réclamant des bons principes de son grand-père Lodis: «travail dur, vision claire, valeur pour les clients».Aujourd'hui, le Stanford Financial Group, maison mère d'une nébuleuse de plusieurs sociétés, revendique des clients dans 140 pays avec 50 milliards d'actifs sous gestion.

Il y a une dizaine d'années, cet homme à la moustache avenante a pris la nationalité du paradis fiscal antillais d'Antigua et Barbuda, où il obtenu son anoblissement en 2006 en présence du prince Edward, le troisième fils de la reine d'Angleterre. Depuis lors, il ne se fait plus appeler que «Sir Allen».

Ce résident de St. Croix, dans les Iles Vierges américaines, multiplie les engagements philanthropiques qui lui assurent diverses distinctions honorifiques, dont une décernée en 2006 par l'Organisation des Etats américains (OEA).

Le Stanford Group parraine aussi de nombreux événements sportifs aux Antilles, dont un championnat de Polo et des régates à Antigua, et est à l'origine d'un tournoi de cricket très coté organisé aux Antilles, lancé en 2005.

Un tournoi de golf organisé dans le Tennessee est aussi une étape du circuit PGA, et Stanford est un parrain d'un tournoi de tennis à Miami (Floride).

Mais depuis l'annonce de l'implication de Allen Stanford dans une nouvelle gigantesque fraude bancaire, qui en fait un dauphin du New-yorkais Bernard Madoff au panthéon des plus grands escrocs de tous les temps, se multiplient aussi les révélations sur divers symptômes de folie des grandeurs.

Ce diplômé de la modeste université texane de Baylor est notamment sous le coup de poursuites intentées en septembre par la prestigieuse université de Stanford (au deuxième rang mondial dans le classement de Shanghai), alors qu'il a revendiqué une parenté avec son fondateur.

L'université californienne s'est fendue d'un communiqué pour rappeler son contentieux pour usurpation d'image de marque, et nier tout lien avec le financier.

M. Stanford avait aussi défrayé la chronique l'année dernière en se laissant photographier avec sur ses genoux les épouses de divers champions de cricket anglais, l'une étant à l'époque enceinte.

Dès l'annonce mardi des poursuites des autorités boursières, la ligue anglaise de cricket a mis fin à des pourparlers sur un nouvel accord de parrainage par le Stanford Group.

Le mépris de «Sir Allen» pour les traditions semble s'étendre à son style de gestion: à en croire les autorités boursières (SEC), le comité d'investissement de la Stanford International Bank (SIB), au centre du scandale, était dirigé par des personnalités choisies plus pour leur proximité avec M. Stanford que pour leurs compétences.

Il y avait fait siéger son père, ainsi qu'un ami du berceau familial à Mexia, plutôt expert en bétail et ventes de voitures, d'après la SEC. Le directeur financier, James Davis, était son compagnon de chambrée d'université, et se faisait épauler par une jeune femme Laura Pendergest-Holt qui n'avait aucune expérience financière.