L'annonce d'une série de mesures visant à sauver les banques américaines est loin d'avoir eu un effet calmant sur les marchés financiers, hier. Bien au contraire.
L'indice S&P500 de la Bourse de New York a chuté de 4,9%, pour clôturer à 827,16 points. Tous les gains faits au cours des dernières séances, alors que les investisseurs attendaient de connaître les mesures proposées par Washington, ont été effacés après l'adoption d'un plan jugé complexe et imprécis.
«Tout le monde est déçu par le manque de détails», a déploré Diane Garnick, gestionnaire de portefeuilles à la firme new-yorkaise Invesco Ltd.
Le secrétaire américain au Trésor, Tim Geithner, a indiqué hier qu'il était encore à «explorer un ensemble de structures différentes» en vue de sauver les banques. Le plan «prendra du temps» à implanter, a-t-il admis.
Le Trésor va notamment créer une société de fiducie pour regrouper les investissements de l'État fédéral dans les banques, ainsi qu'une structure à capitaux mixtes public-privé pour reprendre les actifs douteux qui plombent le bilan des institutions prêteuses. Des mesures qui totalisent 2000 milliards US.
Les titres des grandes banques américaines ont très mal -et très vite- réagi à l'annonce de Tim Geithner. Le sous-indice financier de la Bourse de New York a reculé de 11%, la pire chute parmi 10 industries. L'action de Bank of America a reculé de 19%, à 5,56$US, et celle de Citigroup de 15%, à 3,35$US.
Les banques régionales ont aussi été malmenées. Régions Financial Corp., SunTrust Banks Inc., KeyCorp, Marshall&Ilsley Corp., Huntington Bancshares Inc., Fifth Third Bancorp et Zions Bancorporation ont toutes perdu plus de 19%.
La moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a reculé de 381,99 points, ou 4,6%, à 7888,88 points. Et le NASDAQ, à dominante technologique, a baissé de 66,83 points, à 1524,73.
L'essentiel des mesures de sauvetage présentées hier à Washington avait filtré dans les médias au cours des dernières semaines, poussant les indices boursiers à la hausse. Selon Mace Blicksilver, directeur de Marblehead Asset Management, bien des investisseurs avaient déjà empoché leurs bénéfices, suivant le dicton boursier qui dit que le marché «achète la rumeur et vend la nouvelle».
«Le plan est un peu compliqué, cela n'aide pas», a-t-il ajouté.
Les marchés ont aussi été déprimés par les commentaires du président de la Réserve fédérale (Fed), Ben Bernanke, qui a indiqué hier au Congrès que l'injection de liquidités par la banque centrale ne constituera pas «une panacée» pour les banques.
Toronto souffre aussi
L'incertitude et l'insatisfaction entourant le plan de sauvetage américain ont aussi fait chuter la Bourse canadienne. À Toronto, l'indice composite S&P/TSX a perdu 2,5%, ou 229,39 points, pour clôturer à 8817 points. Il a ainsi mis fin à une séquence de cinq séances haussières (et un bref passage au-dessus de la barre des 9000 points).
Le titre de la Financière Manuvie a reculé de 5,9%, à 20,09$, plombé par la crainte des assureurs de devoir se refinancer pour couvrir les pertes liées à des investissements. EnCana a par ailleurs baissé de 4,4%, à 55,31$, alors que les prix du pétrole ont atteint un creux de trois semaines.
Les banques canadiennes n'ont pas été épargnées par la déprime. Le titre de la Banque Royale a glissé de 3,5%, à 30,70$, et celui de la Banque de Montréal, de 4,5%, à 30,36$.
«Les gens espéraient plus de repères, c'est une grande déception», a dit Paul Hand, gestionnaire de portefeuilles chez RBC Marché des capitaux à Toronto.
Le dollar canadien a terminé la journée à 80,24 cents US, en baisse de 1,97 cent US.
plan de stabilité financière
Le Trésor américain a présenté hier un plan qui complète et modifie celui mis en place par l'administration Bush.
2 000 000 000 000$
Relancer le crédit
Renforcer les banques
aider les propriétaires immobiliers et les PME
ambitieux, mais peu convaincant Notre dossier en pages 2 et 3
DOW JONES
10 FÉVRIER 2008
8191,94 pts
11H
ANNONCE DU SECRÉTAIRE AU TRÉSOR,
TIM GEITHNER
DOW JONES
FERMETURE HIER 7888,88 pts
En baisse 381,99 pts
Variation -4,6 %