La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a l'intention de voter contre l'offre d'Oaktree Capital Management visant à acquérir l'entreprise québécoise Napec si la firme d'investissement américaine refuse d'améliorer sa proposition.

Annoncée le 4 décembre, cette transaction évaluée à 320 millions - incluant la dette de l'entreprise de Drummondville - suscite la déception et des préoccupations au sein du gestionnaire de régimes de retraite.

Deuxième actionnaire en importance de Napec avec une participation d'environ 14 %, la CDPQ a envoyé, la semaine dernière, une lettre au directeur général de la firme californienne, Jason Lee, dans laquelle elle critique la contrepartie de 1,95 $ par action offerte par Oaktree.

«Nous sommes convaincus que la société peut créer davantage de valeur pour ses actionnaires si elle demeure une société ouverte», peut-on lire dans la missive rendue publique mercredi.

Cette sortie du bas de laine des Québécois - qui n'a pas voulu commenter davantage le contenu de sa lettre - survient alors que les actionnaires doivent se prononcer le 5 février sur la transaction, qui doit obtenir l'appui d'au moins les deux tiers des porteurs de titres.

À la Bourse de Toronto, mercredi après-midi, l'action de Napec a terminé la séance à 1,95 $, en baisse d'un cent par rapport à la veille.

Plus important actionnaire de l'entreprise avec près de 19 % des actions et des bons de souscription en circulation, le Fonds de solidarité FTQ avait annoncé son intention de voter en faveur de la transaction le mois dernier. Par courriel, son porte-parole, Patrick McQuilken, s'est limité à dire que le Fonds «analyse la situation», sans fournir d'autres détails.

Oaktree et Napec n'avaient pas réagi en après-midi à la lettre de la Caisse.

Avec 1140 salariés, Napec se spécialise dans la construction et l'entretien d'infrastructures comme des réseaux de transport et de distribution d'électricité, des parcs de panneaux solaires ainsi que des réseaux d'alimentation en gaz naturel.

Fondée en 1978 sous le nom de CVTech-IBC, l'entreprise compte des clients au Québec, en Ontario ainsi que dans l'est des États-Unis.

Selon la CDPQ, Napec est «bien positionnée» pour profiter des occasions d'affaires dans ses principaux créneaux. Les perspectives à long terme semblent plus avantageuses que la proposition actuelle d'Oaktree, fait valoir l'institution.

Bien que les firmes de conseil Glass Lewis et Institutional Shareholder Services recommandent aux actionnaires de Napec d'accepter l'offre d'Oaktree, certains analystes estiment que l'entreprise retire ses billes trop rapidement.

Selon Frederic Bastien, de Raymond James, en plus de bénéficier des effets de la réforme fiscale aux États-Unis, Napec vient de décrocher pour 207 millions US de contrats au sud de la frontière.

De plus, souligne l'analyste dans un rapport, Napec a annoncé vendredi dernier l'acquisition de l'entreprise américaine H.T Sweeney & Son, établie en Pennsylvanie, pour un montant de 18 millions US.

«(Il s'agit de) trois éléments récents qui pourraient inciter un acheteur stratégique à déposer une offre pour Napec», écrit M. Bastien, qui suggère aux actionnaires de conserver leurs actions dans l'espoir qu'une meilleure offre soit déposée.

Par ailleurs, sans entrer dans les détails, la CDPQ décoche d'autres flèches à l'endroit d'Oaktree.

«Comme il a été souligné plusieurs fois, la Caisse avait l'intention de continuer d'appuyer la société avec une possible participation dans la transaction, mais malheureusement, nous ne pouvions accepter la structure de gouvernance et les engagements que vous nous avez présentés lors de nos discussions», fait-elle valoir.

Oaktree avait fait part de son intention de conserver le siège social de Napec au Québec après la clôture de la transaction, prévue au premier trimestre de 2018.

Toutefois, dans la circulaire de sollicitation envoyée aux actionnaires en vue du vote, il est précisé que la firme américaine s'était engagée à déployer des «efforts raisonnables sur le plan commercial» pour faire en sorte que le siège social demeure dans la province dans les deux années suivant l'acquisition.