Les entrepreneurs québécois de l'économie verte débordent d'idées créatives, mais gros problème : il manque cruellement d'argent pour lancer leurs concepts révolutionnaires.

Voilà le principal constat d'une étude portant sur le financement des entreprises de la grappe des technologies propres, dévoilée aujourd'hui parallèlement à la Conférence de Québec, surnommée le Davos nord-américain de l'investissement privé.

Le secteur des énergies propres a le vent dans les voiles, dans la foulée de la conférence de Paris de la fin 2015 et de la déclaration de Vancouver, la semaine dernière. Pour en tirer pleinement profit, la grappe industrielle doit se doter d'un nouveau fonds d'amorçage pour stimuler la création du plus grand nombre de jeunes pousses prometteuses, recommande l'étude.

Le document a été préparé par le Chantier Financement d'Écotech Québec, organisation qui réunit l'ensemble des décideurs du secteur des technologies propres. On dénombre 500 entreprises québécoises dans ce secteur représentant 30 000 emplois.

« Le gouvernement du Québec met la priorité sur la lutte contre les changements climatiques. Ça va en prendre de l'innovation. Ça va prendre un fonds d'amorçage pour venir aider la création de ces entreprises. »

- Denis Leclerc, président et chef de la direction d'Écotech Québec

L'organisme de M. Leclerc a fait parler de lui en 2014 en participant à la mise sur pied de l'accélérateur financier Ecofuel, en partenariat avec le fonds Cycle Capital et Innovacorp.

L'étude d'Écotech identifie le secteur de l'amorçage comme le maillon faible de la chaîne de financement en raison de la présence de trop peu de fonds existants à cette étape du capital-risque.

Un fonds d'amorçage vient appuyer une entreprise au stade de développement n'ayant pas encore établi d'activités commerciales et nécessitant encore des fonds pour la recherche et le développement de produits.

Pour la période 2006-2014, l'étude a recensé 81 financements dans le domaine de l'économie verte pour un total de 715 millions. Le secteur des énergies renouvelables accapare près de la moitié de la valeur totale des investissements.

Du lot, la phase d'amorçage représentait 20 % du nombre de financements et seulement 3,9 % de la valeur des investissements. Une performance enviable quand on la compare à l'univers du capital-risque en général et principalement attribuable à la présence du Fonds Cycle-C de 2011 à 2014.

Ce fonds de 42 millions avait vu le jour à la suite d'un appel d'offres de la part du gouvernement québécois. Néanmoins, ce fonds est aujourd'hui arrivé à maturité et n'a plus d'argent disponible.

UN SECTEUR EXIGEANT EN INVESTISSEMENTS

« Une entreprise "cleantech" nécessite en moyenne, dans le monde, des investissements de 50 millions avant d'avoir des revenus substantiels », dit Andrée-Lise Méthot, coprésidente du Chantier Financement et fondatrice et associée principale de Cycle Capital, la plus importante plateforme d'investissement consacrée aux premières phases des entreprises issues des écotechnologies.

L'étude d'Écotech invite aussi les organisations publiques et parapubliques à devenir des vitrines pour les innovations technologiques québécoises afin de démontrer leur potentiel. Le document suggère aussi aux pouvoirs publics de mettre en place des incitatifs financiers ou fiscaux pour convaincre les donneurs d'ordre à recourir à des technologies propres.

« On veut des entreprises de catégorie mondiale capables de faire avancer l'économie québécoise à travers les énergies propres », dit Antoine Michaud, coprésident du Chantier Financement et directeur Investissement de Tandem Expansion, investisseur en actions de croissance qui apporte son expérience en matière de développement des entreprises.

LES ÉNERGIES PROPRES AU QUÉBEC

Le secteur englobe huit catégories : eau, air, sols, matières résiduelles, énergies renouvelables, efficacité énergétique, chimie verte et écomobilité

500 entreprises

30 000 emplois

Source : Écotech Québec

Photo Michaela Rehle, Archives Reuters

On dénombre au Québec environ 500 entreprises dans le secteur des énergies propres, qui représentent 30 000 emplois.