Sans faire trop de bruit, la Caisse de dépôt et placement immobilier du Québec est devenue en 2015 le premier investisseur institutionnel étranger dans le segment des immeubles de bureaux aux États-Unis.

Ivanhoé Cambridge, la filiale immobilière de la Caisse, a réalisé pour 18,2 milliards de dollars de transactions dans le monde l'an dernier, dont une bonne partie au sud de la frontière. 

Le groupe a notamment investi 2,2 milliards US pour faire l'acquisition du Three Bryant Park, une tour de bureaux prestigieuse de Manhattan. Ivanhoé a aussi investi massivement à San Francisco, Boston, Seattle et Denver.

« La décision macroéconomique qu'on a prise il y a quatre ans de miser sur les États-Unis a été l'une de nos meilleures décisions », a résumé Daniel Fournier, président et chef de la direction d'Ivanhoé Cambridge, pendant la présentation des résultats financiers de la Caisse, mercredi matin.

Inférieur à l'indice

À l'échelle mondiale, les placements immobiliers de la Caisse ont généré un rendement de 13,1% l'an dernier, soit une plus-value de 3,05 milliards pour les épargnants québécois.

Ce résultat est inférieur à l'indice de référence, qui s'établit à 15,4%.

Sur quatre ans, le rendement d'Ivanhoé Cambridge s'élève à 12,6%, soit un gain net de 10,03 milliards. L'indice de référence est de 13,8% pour cette période.

Au total, les actifs immobiliers détenus par Ivanhoé Cambridge s'élevaient à 55 milliards au 31 décembre 2015. Il s'agit d'une progression de 25 milliards depuis cinq ans.

« Année charnière »

Dans son bilan publié mercredi matin, la Caisse qualifie 2015 d'année « charnière » pour sa filiale immobilière.

En plus de ses investissements majeurs dans le segment des bureaux, Ivanhoé Cambridge a misé gros sur le secteur de l'immobilier locatif aux États-Unis.

Le groupe québécois a ainsi réalisé la plus importante acquisition de son histoire l'automne dernier, en mettant la main sur l'immense complexe résidentiel Stuyvesant Town/Cooper Village, à Manhattan, avec son partenaire Blackstone.

Cet investissement totalise 5,3 milliards US (6,9 milliards canadiens), dont 3,5 milliards canadiens seulement pour Ivanhoé Cambridge.

« Si on peut en faire d'autres comme ça, je serai le premier en ligne, mais ça n'arrive pas très souvent », a indiqué Daniel Fournier.

La société a aussi investi près d'un milliard à Shanghai avec des partenaires, augmentant de façon importante son exposition au marché immobilier chinois. Ivanhoé Cambridge s'est aussi doté d'une plateforme d'investissement au Mexique.

Le marché brésilien, où Ivanhoé Cambridge détient une vingtaine de centres commerciaux, a toutefois été marqué de nombreuses « turbulences » en raison de la crise économique qui frappe ce pays, a reconnu Daniel Fournier.

« Ça va être une situation à suivre encore cette année car ça ne va pas être facile », a-t-il dit, affirmant toutefois avoir confiance dans ce marché à moyen et long terme.

Repositionnement 

Les données publiées mercredi matin confirment par ailleurs le « repositionnement stratégique » effectué depuis quelques années dans le portefeuille immobilier de la Caisse.

Ivanhoé Cambridge a renouvelé plus des deux tiers de son portefeuille depuis cinq ans, en se concentrant davantage dans le secteur multirésidentiel et celui des bureaux.

Plus de 16% des actifs d'Ivanhoé Cambridge sont désormais dans le segment multirésidentiel, contre à peine 5,5% en 2011. 

À l'opposé, les investissements dans des hôtels ont chuté de 8,5% à 0,8% de la valeur totale du portefeuille pendant cette même période. 

Ivanhoé s'est aussi quelque peu désintéressé des centres commerciaux, qui représentent maintenant 29,4% de ses actifs, contre 40,4% en 2011.

Sur les 18,2 milliards de transactions réalisées en 2015, Ivanhoé Cambridge a effectué pour 12,4 milliards d'acquisitions, et 5,8 milliards de ventes d'immeubles.