Le premier ministre Philippe Couillard va « tout faire » pour empêcher la tenue de forages par fracturation hydraulique sur l'île d'Anticosti cet été, a-t-il affirmé vendredi.

La société Hydrocarbures Anticosti, qui unit le gouvernement du Québec, Pétrolia, Corridor Resources et la française Maurel & Prom, a mené une douzaine de sondages stratigraphiques sur l'île jusqu'ici. La prochaine étape de l'exploration consiste à forer trois puits de fracturation hydraulique, une étape pour laquelle le gouvernement doit délivrer un certificat d'autorisation.

En point de presse vendredi, le premier ministre n'a pas complètement fermé la porte à ce que son gouvernent donne le feu vert à cette étape. Mais pour le promoteur du projet, « le coefficient de difficulté est extrêmement élevé » s'il espère un feu vert de Québec.

« La porte n'est même pas un peu entrebâillée, a dit M. Couillard. Elle est minime. Je voudrais tout faire pour éviter de soumettre un milieu insulaire comme Anticosti à la fracturation hydraulique. »

Le premier ministre a dit attendre que des études hydrologiques statuent sur l'impact de ces forages sur les cours d'eau de l'île.

Sa sortie enfonce un clou de plus dans le projet pétrolier et gazier d'Anticosti. Et ce, même si Pétrolia a indiqué cette semaine avoir obtenu l'assurance de Ressources Québec que le projet suivait toujours son cours.

M. Couillard a réitéré que son gouvernement n'est pas foncièrement opposé à l'extraction de pétrole et de gaz sur le territoire québécois, même si cette industrie était « marginale » au regard de la consommation des Québécois. Il se dit favorable à d'autres projets, notamment ceux de Galt (Junex), Haldimand (Pétrolia) et Bourque (Pétrolia) en Gaspésie.

« Il faut absolument distinguer Anticosti et les hydrocarbures, a dit M. Couillard. On n'est pas opposés à l'exploitation responsable des hydrocarbures au Québec. D'ailleurs, il y a des projets qui vont de l'avant. »

Fonds vert

Le premier ministre a annoncé vendredi des changements importants à l'administration du Fonds vert. Dorénavant, un conseil de gestion s'assurera que les subventions versées par cette enveloppe soient conformes aux objectifs de réduction des gaz à effet de serre.

« Pour moi, il est essentiel de rétablir ce lien de confiance » de la population à l'égard du Fonds vert, a indiqué M. Couillard.

Le Fonds vert a reçu 830 millions en vente de crédits carbone, payés en partie par les automobilistes. Son utilisation a attiré de nombreuses critiques au gouvernement Couillard dans les derniers mois. Il a notamment servi à financer la construction d'un pipeline et à subventionner Air Canada pour l'installation d'ailettes sur certains de ses appareils.

L'administration du Fonds vert avait déjà été dénoncée en juin 2014 par un rapport du commissaire au développement durable. Questionné à savoir pourquoi son gouvernement a mis 20 mois pour remédier à la situation, Philippe Couillard a affirmé: « Desfois, il faut se donner le temps de réfléchir et être certains qu'on prend les bonnes orientations. »