Le gouvernement du Québec manque d'ambition, quand vient le temps de mettre en place les moyens de partir à la conquête des marchés extérieurs. Il doit faire plus et mieux, se montrer plus «agressif», s'il veut vraiment faire de l'exportation le moteur de la croissance économique du Québec.

C'est du moins l'avis du président des Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), Éric Tétrault, qui participe à la mission économique dirigée par le premier ministre Philippe Couillard au Mexique.

En entrevue à La Presse Canadienne, M. Tétrault s'est montré inquiet devant l'approche beaucoup trop timorée, selon lui, privilégiée par Québec pour favoriser l'exportation des produits québécois.

Il estime qu'il faut cesser les compressions notamment dans la représentation du Québec à l'étranger, investir massivement en innovation, et assurer un suivi plus serré des missions économiques pour donner aux entrepreneurs du Québec une chance de percer les marchés étrangers.

«Le secret est dans le suivi», surtout dans une économie en croissance comme le Mexique avec un marché de 120 millions de consommateurs potentiels, fait-il valoir.

Or, «les gens viennent ici, concluent des ententes, et s'imaginent que le travail est fait».

Mais ça ne fonctionne pas comme ça, surtout dans une économie moins structurée que chez nous, comme celle du Mexique où la concurrence est vive.

Les Mexicains «peuvent vous oublier assez facilement si vous ne vous occupez pas de votre affaire». Il faut donc revenir sur place, insister, «prendre le temps de s'implanter», car pour pénétrer un marché, cela prend plus qu'un bon produit, rappelle-t-il.

Entre la décision de percer un marché et la vente du produit dans le pays convoité, il peut s'écouler des années.

D'où l'importance pour les exportateurs en devenir de pouvoir compter sur une infrastructure gouvernementale d'appui durant les premières étapes.

Or, le vent de compressions gouvernementales affecte le moral des gens d'affaires, qui risquent de se montrer plus frileux, craignant d'être laissés à eux-mêmes, indique le président du MEQ.

«Il faut faire attention de ne pas en arriver à un point où les entreprises perdent confiance et se disent: je sais que je ne serai pas épaulé par le gouvernement si je vais à l'étranger», prévient-il.

«On n'est pas rendu là. Mais la seule chose que je dis, c'est: il ne faut pas se rendre là», car «si on en arrive à une situation où les entrepreneurs perdent confiance parce qu'ils ne se sentent pas suffisamment appuyés, ça prend du temps à revenir».

Mais le simple fait de cesser de couper dans les délégations du Québec à l'étranger et dans les programmes d'aide ne suffira pas. Le gouvernement doit «s'armer pour en faire beaucoup plus dans les années à venir», car l'exportation pourrait bien devenir une «bouée de sauvetage» économique pour le Québec, selon lui, avec un marché intérieur de seulement 8 millions de consommateurs.

«Il faut y mettre les moyens. Il faut investir. Il faut être beaucoup plus présent qu'on l'a été jusqu'à maintenant dans le suivi de la part du gouvernement», plaide M. Tétrault.

Bref, au Québec, il faut être «plus ambitieux qu'on l'a été pour aider nos entreprises à s'installer sur le marché extérieur».

En parallèle, M. Tétrault se dit très inquiet du retard enregistré par le Québec par rapport à l'Ontario notamment, en matière d'innovation, qui constitue pourtant la clé du succès pour percer les marchés de demain.

«L'innovation, il faut en faire une priorité absolue, un chantier d'État», soutient-il, pour rattraper notre retard historique sur l'Ontario «et sur le reste du monde».

Manufacturiers et exportateurs du Québec est présent à Mexico avec 19 entreprises membres venues signer des ententes, rencontrer des distributeurs éventuels et tester le marché mexicain pour leurs produits.