Devant le manque de relève entrepreneuriale au Québec, les trois plus grands joueurs financiers de la province ont décidé d'unir leurs forces afin de ramener le sujet au coeur des discussions.

La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), le Mouvement Desjardins ainsi que la Banque Nationale (TSX:NA) ont ainsi annoncé mardi un investissement de 6 millions $ sur trois ans dans le cadre de la campagne de sensibilisation «Devenir entrepreneur».

Déployée à la télévision pendant cinq semaines ainsi que sur Internet, elle mettra principalement l'accent sur une nouvelle génération de personnes ayant décidé de se lancer en affaires, dans l'espoir d'influencer les plus jeunes au secondaire, au niveau collégial ainsi qu'à l'université.

«C'est mieux de mettre en lumière nos jeunes entrepreneurs, a expliqué le président et chef de la direction de la CDPQ, Michael Sabia, au cours d'une conférence de presse conjointe, à Montréal. C'est une façon d'encourager l'émergence de cette génération.»

Dans les locaux de Busbud, un moteur de recherche visant à dénicher des billets d'autocars interurbains partout dans le monde, M. Sabia était accompagné de la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, ainsi que du grand patron de la Banque Nationale, Louis Vachon.

Le cofondateur et dirigeant de l'entreprise en démarrage montréalaise, Louis-Philippe Maurice, est par ailleurs l'une des têtes d'affiche de la campagne.

«L'objectif est de lancer une conversation plus large sur l'entrepreneuriat, a expliqué celui qui a eu l'idée de lancer Busbud après un voyage à l'étranger. Dans les domiciles, c'est d'encourager les parents ainsi que leurs enfants à avoir cette discussion sur le fait d'être capable de prendre un risque pour se lancer en affaires.»

Le déploiement de cette campagne survient alors que la province est en retard par rapport au reste du pays en matière de relève entrepreneuriale, alors qu'environ 100 000 entreprises québécoises sont appelées à changer de mains au cours de la prochaine décennie.

Au Québec, les petites et moyennes entreprises emploient près de 60 % de la population active.

Or, d'après les trois partenaires, qui ne vont pas jusqu'à évoquer une pénurie en matière de relève, seulement 19 % des Québécois ont l'intention de se lancer en affaires, comparativement à 29 % dans le reste du pays.

«Plusieurs de nos entreprises (pourraient) passer sous contrôle étranger, a souligné le dirigeant de la Banque Nationale. Le danger est de passer d'une économie de propriétaires à une économie (...) de succursales.»

Mme Leroux a également souligné que la présence d'une relève permettra de conserver des sièges sociaux au Québec, ce qui, selon elle, permet de créer des emplois, de la richesse ainsi que de la prospérité.

Parmi les objectifs à moyen terme, la dirigeante du Mouvement Desjardins souhaite voir l'Indice entrepreneurial québécois, qui analyse les intentions de se lancer en affaires, progresser de façon significative.

«Il est de 20 % au Québec alors que dans le reste du Canada, il est supérieur à 25 %, a dit Mme Leroux. Je pense qu'on pourrait se donner un objectif d'être au-dessus de 25 %, sinon à 30 %.»

Si les trois partenaires concèdent que l'accès au capital demeure souvent difficile pour une entreprise en démarrage, des efforts en ce sens ont été déployés, ont estimé la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins.

«Nous travaillons avec des groupes de sociofinancement, a expliqué M. Vachon. Il y a des prêts ciblés dans ce secteur et dans ceux, qui, traditionnellement, ne se finançaient pas par des prêts bancaires.»

De son côté, Mme Leroux a indiqué que le programme Créavenir, qui s'adresse principalement aux entrepreneurs entre 18 et 35 ans n'ayant pas de financement pour lancer leur entreprise, avait été déployé dans une centaine de succursales Desjardins, ajoutant vouloir élargir cette initiative.