Même si des acquéreurs potentiels démontraient de l'intérêt à l'endroit de SNC-Lavalin (T.SNC), l'entreprise québécoise martèle qu'elle n'est pas à vendre, ce que croient des analystes financiers.

La firme d'ingénierie a réfuté mercredi les informations selon lesquelles elle aurait eu des discussions «informelles» avec les multinationales Actividades de Construccion y Servicios (ACS) et WorleyParsons.

«Nous ne sommes pas à vendre et il n'y a pas eu de discussions du genre avec qui que ce soit», a expliqué son porte-parole, Louis-Antoine Paquin, sans commenter davantage les rumeurs.

D'après le Financial Post, ces firmes espagnole et australienne auraient fait part de leur intérêt à mettre la main sur SNC-Lavalin, actuellement visée par des accusations de fraude et de corruption déposées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Par courriel, ACS a également fait savoir à La Presse Canadienne qu'elle «dément catégoriquement» cette rumeur. Son porte-parole, Juan José Diaz Clavel, n'a toutefois pas voulu commenter davantage. WorleyParsons n'a pas répondu aux courriels envoyés.

D'après le quotidien torontois, la possibilité que SNC-Lavalin ne soit plus en mesure de soumissionner sur des appels d'offres du gouvernement canadien pendant 10 ans, si elle devait être reconnue coupable, aurait refroidi les ardeurs d'ACS et de WorleyParsons.

L'entreprise n'aurait pas été réceptive à la tentative d'approche des deux multinationales.

D'après la GRC, SNC-Lavalin aurait versé 47,7 millions de dollars à des titulaires de charges publiques en Libye dans le but de les influencer. De plus, ses divisions construction et international auraient privé diverses organisations locales d'environ 129,8 millions.

La suite des procédures dans ce dossier est prévue au début du mois de juillet, au palais de justice de Montréal.

D'après certains analystes financiers, il serait surprenant d'assister à un scénario où ces deux multinationales seraient en mesure d'acquérir la firme d'ingénierie établie à Montréal.

Selon Maxim Sytchev, de Dundee Marchés des capitaux, il serait notamment compliqué pour des acheteurs potentiels d'évaluer convenablement SNC-Lavalin. Dans un rapport, l'analyste se justifie en expliquant que la société tente actuellement de se départir de certains actifs, comme sa participation dans l'autoroute 407, en Ontario.

«Les acheteurs devraient concurrencer des régimes de retraite qui possèdent un avantage de coût en capital pour offrir davantage», écrit M. Sytchev.

L'analyste ne serait également pas étonné que les autorités québécoises ainsi que les acteurs du milieu québécois des affaires se mobilisent - comme ça été le cas avec Rona [[|ticker sym='T.RON'|]]  - afin d'éviter de perdre un autre siège social.

M. Sytchev, ainsi que Sara O'Brien, de RBC Marchés des capitaux, privilégient davantage un scénario dans lequel un consortium de régimes de retraite canadiens démontrerait de l'intérêt à l'endroit de SNC-Lavalin.

«Une offre des caisses de retraite est plus logique par rapport à une proposition d'acquéreurs concurrents, fait valoir M. Sytchev. Ces acquéreurs pourraient toutefois attendre que SNC-Lavalin se départisse d'actifs pour mettre la main sur les activités d'ingénierie.»

La plus récente circulaire de sollicitation de SNC-Lavalin révélait que la Caisse de dépôt et placement du Québec était son principal actionnaire, avec 17,27 millions d'actions, ce qui représente une participation de 11,33%.

Selon l'analyste de Dundee Marchés des capitaux, le titre de la société montréalaise demeure sous-évalué. Il établit son cours-cible à 54 $, ce qui représente un potentiel de croissance de 15%.

Il prévoit que d'ici 18 mois, le carnet de commandes de l'entreprise devrait se regarnir, ajoutant que ses activités d'ingénierie dans le secteur des infrastructures devraient se redresser.

L'action de SNC-Lavalin a avancé mercredi de 91 cents à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 46,51 $.