D'importants changements sont en cours au sein de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec (AICQ), qui désire redorer le blason de ses membres et regagner la confiance du public.

En plus d'accueillir à sa tête un nouveau président-directeur général - André Rainville -, l'organisme changera de nom pour adopter, à compter du mois de juin, celui de l'Association des firmes de génie-conseil - Québec.

«C'est une année charnière dans le génie-conseil, a expliqué en entrevue M. Rainville, lundi, à l'occasion de sa première journée en poste. Notre conseil d'administration veut marquer le coup pour signaler au grand public les orientations qui ont été prises.»

Les changements ont été confirmés lundi soir, dans le cadre d'une remise de prix à laquelle participeront le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, ainsi que le premier vice-président Québec à la Caisse de dépôt et placement du Québec, Christian Dubé.

M. Rainville, qui prend la relève de Claude Décary, s'attend à ce que ces changements permettent à l'Association - qui représente une trentaine de membres - d'expliquer les pratiques mises de l'avant en matière d'éthique.

«Par exemple, le conseil d'administration de l'Association a été renouvelé et représente tous les milieux du génie-conseil, fait-il valoir. Il y a également deux postes d'administrateurs indépendants qui viennent s'ajouter.»

Il concède néanmoins que la tâche s'annonce ardue, non seulement en raison des scandales impliquant certains membres de l'Association dans le passé, mais aussi parce que le dépôt du rapport de la Commission Charbonneau est attendu en novembre.

De plus, une des plus importantes firmes de génie-conseil de la province, SNC-Lavalin, fait également l'objet d'accusations criminelles pour des gestes qui auraient été posés par d'ex-employés à l'étranger.

«Nous voulons signaler que l'industrie a anticipé des recommandations et mis de l'avant des moyens pour améliorer l'éthique des firmes et regagner la confiance auprès du public», dit M. Rainville.

Le PDG de l'AICQ a rappelé que plusieurs mesures - mécanismes de dénonciation, renouvellement des conseils d'administration et système de traitement des plaintes - avaient été instaurées depuis quelques années.

De plus, les membres de l'Association n'ont pas hésité, à son avis, à obtenir leur certificat d'autorisation de l'Autorité des marchés financiers (AMF) afin de pouvoir décrocher des contrats gouvernementaux.

«On a vécu une épreuve difficile (avec la Commission Charbonneau), concède M. Rainville. On voit cela comme quelque chose qui va nous aider à appliquer des mesures afin d'avoir un avantage sur nos concurrents. Ce n'est pas partout qu'il y a eu des exercices comme celui-là.»

Pour le moment, l'AMF se penche sur les entreprises qui tentent de décrocher des contrats publics dont la valeur est de 5 millions $ ou plus, un seuil qui devrait être revu à la baisse dans l'avenir.

M. Rainville, qui possède plus de 30 années d'expérience dans le secteur, a connu des moments houleux, il y a un peu plus d'un an, lorsqu'il était le directeur général de l'Ordre des ingénieurs du Québec.

Dans la foulée des audiences de la Commission Charbonneau, des membres de l'Ordre avaient voté à 65 % en faveur de la destitution du comité exécutif et de M. Rainville, parce qu'ils estimaient insuffisants les efforts déployés pour rétablir leur réputation.

«J'ai un devoir de réserve à l'égard de mon ancien emploi, dit M. Rainville, lorsque questionné sur cet épisode. J'estime toutefois que mon travail s'inscrit dans le prolongement de ce qui se faisait à l'Ordre.»

Il dit vouloir profiter des prochaines semaines afin de rencontrer le «plus de membres» possible.

«Beaucoup de travail a déjà été accompli, estime le dirigeant de l'Association. Il faudra faire un compte rendu des efforts déployés. On comprend que le public est en attente des résultats. Je ne veux pas mettre de date sur le calendrier.»

Pour la première fois depuis 2010, l'AICQ a terminé le dernier exercice avec une perte de 185 271 $. Les cotisations de ses membres et membres associés ont également reculé de 30 % pour se chiffrer à 870 065 $.