Parce qu'elle représente des milliers de petits détaillants, eBay doit faire partie de la discussion que veut lancer Québec en ce qui a trait à la perception des taxes de vente sur les achats réalisés en ligne, croit sa directrice au Canada, Andrea Stairs.

Même si le gouvernement Couillard a récemment fait part de son intention de discuter du sujet avec Ottawa, il ne doit pas attendre avant d'inclure dans le processus le deuxième plus important site de commerce en ligne au pays, croit Mme Stairs.

«Nous représentons des milliers de vendeurs canadiens et nous pouvons ajouter leur voix dans cette conversation», a-t-elle expliqué, au cours d'une entrevue téléphonique à l'occasion du 15e anniversaire de l'entreprise au pays.

Selon elle, de grandes entreprises ainsi que de nombreuses petites et moyennes entreprises utilisent la plateforme d'eBay pour vendre leurs produits en ligne, ce qui justifie, à son avis, les démarches de l'entreprise.

C'est essentiellement pour cette raison qu'eBay Canada s'est inscrite au Registre des lobbyistes la semaine dernière afin que le Québec conserve le statu quo en matière de taxation pour les achats en ligne.

Mme Stairs n'a pas voulu dire si elle souhaite que ce statu quo soit maintenu de façon permanente, affirmant qu'il était encore trop tôt dans le processus.

«Le gouvernement du Québec vient juste d'annoncer qu'il va tenir des consultations, alors nous sommes en train de nous préparer», a dit la directrice de l'entreprise au Canada.

Le Conseil canadien du commerce de détail a également soulevé des préoccupations similaires en modifiant son inscription, cette semaine, pour demander à Québec de «proposer une solution compétitive pour la taxation dans le cadre du commerce électronique».

Dans son budget déposé le mois dernier, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a dévoilé l'intention du gouvernement Couillard de se pencher sur la taxation des achats réalisés en ligne.

Selon le rapport de la Commission d'examen sur la fiscalité québécoise, il y a «urgence d'agir», puisque Revenu Québec a déjà chiffré les pertes à 300 millions $.

En 2012, la province aurait subi des pertes fiscales de 165 millions $ en raison des achats en ligne effectués par des Québécois auprès de fournisseurs établis à l'extérieur du pays.

Actuellement, il n'y a pas de façon de percevoir la taxe de vente du Québec (TVQ) lorsque des achats en ligne sont effectués auprès de fournisseurs établis ailleurs au pays.

Questionnée quant à la possibilité de voir d'autres provinces imiter le Québec dans un avenir rapproché, Mme Stairs ne s'est pas montrée inquiète.

«Je comprends les arguments de part et d'autre, a-t-elle souligné. Le commerce en ligne a changé le visage de l'industrie. Nous ne sommes pas encore à proposer des solutions. Nous voulons seulement faire partie de la conversation.»

Les Québécois achètent de plus en plus en ligne, mais la majorité de leurs achats sont encore effectués sur les sites de détaillants établis à l'extérieur de la province, souligne un sondage mené par le CEFRIO et dont les conclusions ont été dévoilées le mois dernier.

D'après l'enquête, seulement 25 pour cent des dollars dépensés pour des achats en ligne l'ont été sur des sites québécois.

Tendances changeantes

En dressant le bilan des 15 dernières années, Mme Stairs a relevé que les tendances des consommateurs canadiens à l'égard du commerce en ligne ont considérablement changé depuis l'arrivée d'eBay au pays.

Actuellement, les produits neufs représentent près de 80 des ventes réalisées sur le site, selon Mme Stairs, alors qu'il était initialement destiné à la revente de produits de seconde main lors de son lancement au pays.

«Maintenant, nous avons de grands détaillants qui vendent des marques renommées sur notre site ainsi que des PME, a-t-elle indiqué. Il y a eu une transition des vendeurs.»

Mme Stairs a toutefois reconnu qu'eBay n'aurait peut-être pas dû patienter près de six ans avant de lancer, en 2006, la version francophone de son site Web.

Selon elle, l'équipe canadienne de l'entreprise était moins imposante au début des années 2000. Il était également plus facile de lancer la version anglaise puisqu'elle existait déjà aux États-Unis.