Une conjoncture favorable a favorisé l'annonce de plusieurs transactions spectaculaires au Québec en 2014.

«Ç'a été une année très active au Québec, principalement au niveau des fusions et acquisitions. On a des fleurons québécois qui ont effectué des transactions majeures», commente Grégoire Baillargeon, directeur général et chef, banque d'affaires et services bancaires aux sociétés, chez BMO Marchés des capitaux.

Ce banquier pense notamment à Cominar, WSP Global (l'ex-Genivar), SNC-Lavalin, Agropur, TransForce et Saputo. «Ces entreprises viennent rejoindre un groupe qui comprenait notamment CGI et Alimentation Couche-Tard, deux compagnies d'ici qui ont réalisé de grosses transactions dans les dernières années. Ces champions québécois prennent avantage des marchés des capitaux qui sont très ouverts», dit-il.

Grégoire Baillargeon croit que les entreprises québécoises prennent plus avantage des marchés des capitaux que leurs cousines canadiennes. «On a beaucoup de belles entreprises québécoises qui grandissent vite grâce aux acquisitions qu'elle réalisent. C'est encourageant pour le marché québécois», dit-il.

Marché porteur

Son collègue Pierre Fleurent, directeur général, financement des sociétés, chez Canaccord Genuity à Montréal, abonde dans le même sens. «Le marché est assurément porteur.»

Et la bonne nouvelle est que ce marché des capitaux demeure ouvert pour les gestes stratégiques (équité et dette bancaire ou obligataire), souligne Grégoire Baillargeon.

«Les marchés sont ouverts aux acquisitions stratégiques logiques. Le marché québécois est dynamisé par les acquisitions parce qu'il n'est pas concentré dans un secteur spécifique. Alors, on ne vit pas des cycles d'industries au Québec.»

Le grand patron du financement des sociétés pour la BMO à Montréal tient par ailleurs à souligner la contribution apportée par le déploiement «intelligent» du capital par la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«Le capital de la Caisse est déployé de façon stratégique au support de nos champions québécois. C'est marquant», dit-il, en pensant notamment à ce que la Caisse a fait avec Cominar cette année et à son implication auprès de WSP Global, en septembre, lors de l'acquisition de Parsons Brinckerhoff dans le cadre d'une transaction de 1,3 milliard de dollars.

Fait à noter, le jour où elle annonçait, le 3 septembre, sa participation dans le financement visant à appuyer WSP, la Caisse de dépôt dévoilait aussi un engagement auprès de Manuvie pour l'aider à se porter acquéreur de la portion canadienne de la société écossaise Standard Life, une des plus importantes firmes financières établies à Montréal.

Cette journée-là, ce sont 700 millions de dollars que la Caisse allongeait pour financer 2 transactions impliquant des entreprises du Québec.

«Ça fait suite à ce que la Caisse de dépôt et placement a réalisé dans le passé avec une entreprise comme CGI, par exemple. C'est très encourageant. Ça permet aux entreprises de bien grandir», dit Grégoire Baillargeon.

C'est donc de bon augure pour 2015. «La toile de fond demeure favorable aux opérations de financement, mais il continuera d'y avoir des soubresauts dans le marché», prévient Pierre Fleurent.

Amaya a marqué 2014

Si la société pharmaceutique lavalloise Valeant avait réussi à boucler son projet d'acquisition d'Allergan, cette transaction aurait été la plus importante de l'année pour Québec inc. avec une valeur supérieure à 50 milliards. Ça aurait aussi pu être la transaction de l'année au pays. Mais comme ce projet a avorté, c'est le coup d'éclat réalisé par Amaya qui doit être considéré comme étant «la» transaction au Québec en 2014.

Au pays, le pacte qui a le plus retenu l'attention des marchés et du grand public est sans l'ombre d'un doute la vente de la chaîne Tim Hortons à Burger King. Évalué à près de 15 milliards de dollars, cet accord annoncé au mois d'août permet de créer un nouveau géant de la restauration rapide.

Voici un rappel de quelques transactions marquantes cette année au Québec.

Amaya

L'entreprise de Pointe-Claire a annoncé à la fin du printemps une audacieuse offre de près de 5 milliards de dollars visant l'acquisition de Rational Group, l'exploitant des sites PokerStars et Full Tilt Poker. Cette transaction a fait d'Amaya un géant mondial du jeu en ligne.

Pour ficeler l'entente, le fondateur et PDG d'Amaya, David Baazov, âgé de seulement 34 ans, a su convaincre d'importantes firmes américaines comme Blackstone et BlackRock de participer au financement. L'Autorité des marchés financiers a par ailleurs effectué des perquisitions dans les bureaux d'Amaya plus tôt ce mois-ci dans le cadre d'une enquête au sujet de transactions sur le titre d'Amaya en lien avec l'acquisition de Rational Group.

Manuvie

L'autre transaction marquante au Québec a impliqué l'une des plus importantes firmes financières établies à Montréal. Standard Life, filiale canadienne du géant écossais du même nom, a été acquise et fusionnée par l'assureur torontois Manuvie dans le cadre d'une opération évaluée à 4 milliards de dollars.

SNC et WSP

Les cabinets de génie-conseil SNC-Lavalin et WSP Global (l'ex-Genivar) sont deux firmes montréalaises qui ont aussi réalisé des coups fumants qui se chiffrent en milliards de dollars.

SNC-Lavalin a d'abord vendu en mai sa participation dans l'entreprise albertaine de transport d'électricité Altalink pour 3,2 milliards à Berkshire Hathaway. Le mois suivant, SNC annonçait l'acquisition de la firme britannique Kentz pour 2,1 milliards.

De son côté, WSP Global a dévoilé au début du mois de septembre l'achat de la firme américaine d'ingénierie Parsons Brinckerhoff pour 1,3 milliard.

BCE

La privatisation par BCE de sa filiale régionale BCE Aliant pour 3,9 milliards, à la fin du mois de juillet, va permettre au géant montréalais des télécommunications de consolider sa présence au Canada atlantique. BCE possédait 44% de Bell Aliant avant l'annonce, et les analystes spéculaient depuis longtemps déjà sur le moment où BCE allait racheter les actions qu'elle ne détenait pas.

Couche-Tard

L'acquisition de la chaîne américaine The Pantry annoncée la semaine dernière est la première transaction d'importance réalisée par Couche-Tard depuis que Brian Hannasch a pris la relève d'Alain Bouchard à la barre de l'entreprise. La transaction a été évaluée à 1,7 milliard, dette incluse.

TransForce

Une autre entreprise d'ici qui s'est distinguée en 2014 est TransForce, qui a exécuté les deux plus imposantes acquisitions de son histoire. En juin, la montréalaise a annoncé l'acquisition de Transport America pour 300 millions, avant de dévoiler le mois suivant une offre de 500 millions pour l'ontarienne Contrans.

Cominar

En août, le fonds de placement immobilier Cominar a annoncé l'acquisition d'un portefeuille de centres commerciaux et d'immeubles de bureaux d'Ivanhoé Cambridge, filiale de la Caisse de dépôt et placement. La valeur totale de la transaction pour Cominar a été estimée à environ 1,6 milliard.

Saputo

L'année a signalé l'entrée de Saputo sur le marché australien. Après une bataille de plusieurs mois amorcée à la fin de 2013, Saputo a annoncé en début d'année l'acquisition du producteur laitier Warrnambool; une transaction d'environ 500 millions.

Mines Virginia

Il faut également mentionner le projet de fusion de Mines Virginia avec Redevances aurifères Osisko divulgué le mois dernier, qui permet de créer un acteur québécois de premier plan dans le secteur aurifère. L'actif-clé de Virginia dans cette transaction de près de 500 millions est sa redevance qui provient de la mine Éléonore, de Goldcorp, située dans le secteur de la Baie-James.

Les «disparus»

Du côté des grands «disparus», soulignons Mega Brands, vendue à Mattel en février pour 460 millions, et la société minière Osisko, qui a annoncé en avril avoir conclu une entente amicale de 3,9 milliards avec Yamana Gold et Agnico Eagle.