Après cinq années encourageantes, le déficit migratoire du Québec s'est considérablement creusé en 2013. C'est le reste du Canada qui en a bénéficié. Le Québec a perdu près 13 000 habitants au profit principalement de l'Ontario et l'Alberta.

Il s'agit du pire résultat depuis 2007. De 2008 à 2012, le Québec a perdu de 4000 à 10 000 personnes par année. Le déficit de 2013 s'apparente à celui de la deuxième moitié de la décennie 90, marquée par un chômage élevé.

«Si on regarde la série chronologique, des pertes de 4000 personnes comme il y en a eu dans les dernières années sont relativement rares, souligne Chantal Girard, démographe à l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). On a plutôt eu une moyenne de 10 000 dans les 20 et 30 dernières années, ajoute-t-elle.

Les chiffres de 2013 sont des données préliminaires. Le nombre d'entrants et de sortants peut varier de 20% avec les chiffres définitifs, signale Mme Girard. Toutefois, les données préliminaires concernant le solde des migrations interprovinciales sont habituellement plus fiables.

Les causes exactes de la détérioration du solde migratoire ne sont pas connues. Historiquement, les migrations d'une province à l'autre sont dictées par la situation économique.

«Souvent, il y a au moins une autre province qui va mieux économiquement que le Québec et c'est cette province qui attire les travailleurs», dit Mme Girard, auteure d'une étude sur la migration interprovinciale publiée en 2010.

En 2013, ceux qui ont quitté le Québec sont allés en Ontario et en Alberta. Le déficit avec l'Alberta (-5076) est l'un des plus importants depuis le boom pétrolier de la fin des années 70.

Au net, le solde migratoire total reste en positif (+ 33 300 personnes) parce que le Québec accueille plus de personnes en provenance de l'étranger qu'il n'en perd. Par exemple, selon les données provisoires, la province a reçu 52 000 immigrants en 2013, alors que seulement 6100 Québécois ont quitté le Canada.

N'empêche, l'augmentation du déficit dans les migrations interprovinciales n'est pas sans conséquence. Elle freine la croissance de la population québécoise et accentue son vieillissement puisque le gros des migrants est âgé de moins de 40 ans.

Des départs significatifs ont aussi un impact sur la situation du logement. «L'impact d'un facteur comme la migration nette sur le marché de la revente en est surtout un de moyen et de long termes», écrit la Fédération des chambres immobilières du Québec dans la mise à jour de ses prévisions pour le marché de la revente, publiée au début du mois de juillet. «Nous avions anticipé un niveau de migration plus élevé qui serait venu stimuler davantage la demande sur le marché de l'habitation au cours des prochains mois. Voici donc une autre raison qui nous incite à revoir légèrement à la baisse notre scénario de prévisions relatif au niveau d'activité pour l'année en cours.»

Mouvements de population au Québec en 2013

> Solde des migrations internationales: + 45 900

> Solde des migrations interprovinciales: - 13 000

> Solde migratoire total: + 33 300

Source: ISQ