Des appareils de loterie vidéo de nouvelle génération, un casino de Montréal rénové à grands frais, la permission de vendre de l'alcool aux tables de jeu des casinos, rien n'y a fait: Loto-Québec a subi un recul de ses ventes et de ses profits au cours de son plus récent exercice financier. Encore une fois.

«Malgré tous nos efforts et bien que nous ayons exercé une gestion rigoureuse, les résultats financiers ne sont pas à la hauteur de nos attentes», reconnaît d'emblée le président et chef de la direction, Gérard Bibeau, dans son message publié dans le rapport annuel 2014 de la société d'État, rendu public hier.

Les revenus reculent de 98,6 millions en un an, ou 2,7%, tandis que les profits baissent de 134,4 millions, ou 10,5%. Quant au bénéfice net, il s'agit du pire résultat en cinq ans. Le dividende versé au gouvernement est de 1055 millions, soit 139 millions de moins qu'en 2013.

En conséquence, «aucune prime de rendement n'a été versée au personnel de la Société», lit-on dans le rapport annuel.

Tous les secteurs y goûtent: casinos (baisse des revenus de 6%), loteries (- 1,1%), loteries vidéo (- 3,3%).

La direction attribue ses mauvais résultats au repli des dépenses consacrées aux jeux de hasard dans la population en général. Selon Statistique Canada, les ménages ont réduit de 2% pareilles dépenses au cours de l'exercice financier 2013-2014, soit moins que les reculs observés chez Loto-Québec. La direction va même jusqu'à invoquer les travaux sur le pont Champlain pour expliquer en partie la contre-performance de la maison de jeux de l'île Notre-Dame.

Rare secteur en croissance chez Loto-Québec, les revenus des produits offerts en ligne vont en augmentant. Mais là non plus, l'optimisme n'est pas au rendez-vous. Le monopole d'État des jeux de hasard évalue sa part des loteries en ligne à 20% dans un marché estimé à 250 millions au Québec.

«Étant donné notre modèle d'affaires actuel et à la lumière des résultats obtenus dans d'autres juridictions de loterie canadiennes, nous ne croyons pas être en mesure d'augmenter significativement cette proportion», prévient M. Bibeau.

Finalement, les bonnes nouvelles ont été du côté des immobilisations et des équipements. La modernisation du casino de Montréal s'est faite dans les délais et dans les budgets, tandis que le renouvellement des appareils de loterie vidéo a pris fin plus rapidement et à moindre coût que prévu.

La filiale Casino Mundial encore déficitaire

Filiale de Loto-Québec, Casino Mundial détient 35% des actions de JoaGroupe qui exploite 20 casinos dans l'Hexagone. JoaGroupe a enregistré une perte de 11,3 millions en cours d'exercice. La quote-part de Loto-Québec est évaluée à 3,5 millions, pour un total de pertes cumulatives non constatées de 14,9 millions. De plus, Loto-Québec a injecté 7,5 millions dans cette filiale déficitaire étrangère en deux ans. Depuis le début de l'aventure en 2005, la société d'État a englouti plus de 95 millions en équité et prêts. Ses actions ne valent plus un sou, tandis que la valeur des prêts s'élevait à 23 millions au 31 mars 2014.