Les gestionnaires des grandes fortunes de la planète avaient une fois de plus rendez-vous au Château Frontenac il y a quelques jours à l'occasion de la Quebec City Conference (Conférence de Québec). Des invités précieux pour lesquels le cofondateur de l'événement, Christian Racicot, ne lésine pas sur les attentions.

Des exemples? Pour l'occasion, l'avocat de la firme BCF a offert à chacun de ses invités une tablette numérique qui comportait l'ensemble du programme des réunions de la semaine.

Une attention qui s'ajoutait à une autre toute particulière: l'homme d'affaires a fait bâtir une table ovale, pliable et assez grande pour réunir une soixantaine d'invités, et ce, spécialement pour l'un des forums organisés dans le cadre de la conférence. «Je tenais à ce que tout le monde puisse se voir lorsqu'ils parlaient», dit-il simplement pour justifier sa dépense.

Si Christian Racicot traite ses invités avec autant de soin, c'est que la Quebec City Conference, et plus particulièrement le forum de la Table ronde des investisseurs institutionnels, est l'une des rares occasions qu'ont les administrateurs de grands fonds souverains et de caisses de retraite de la planète pour se réunir afin d'explorer des façons communes d'investir et de tirer profit des expertises de chacun.

«C'est probablement un des bassins de capital à long terme les plus importants au monde», ajoute Christian Racicot.

Et on en est tout à fait convaincu lorsque ce dernier additionne les actifs des 25 fonds représentés autour de la table ovale à Québec la semaine dernière. Selon l'organisateur principal, il y en avait pour 5500 milliards de dollars!

L'organisation d'un tel événement est toutefois fragile, explique Christian Racicot, et ce, spécialement à Québec où l'événement convie, en plus des investisseurs institutionnels, des firmes de capital-risque, des dirigeants de grandes fortunes familiales ainsi que des gestionnaires d'actifs privés.

C'est d'ailleurs pour éviter que ces derniers ne profitent de la Quebec City Conference que pour accéder aux investisseurs institutionnels que l'avocat de Québec a décidé de revoir le financement de ses opérations, en laissant de côté les commandites venues de gestionnaires d'actifs privés.

Le modèle «commençait à prendre l'eau», au dire de Christian Racicot. «Je me suis dit que si je ne changeais pas ça maintenant, j'allais me le faire dire. Quand la Table ronde n'était pas trop grosse, ça allait, mais quand elle a commencé à grossir, les «assets managers» sont devenus fous raides et là, ils ont commencé à avoir beaucoup d'appétit pour avoir accès aux investisseurs institutionnels», dit-il.

Pour l'instant, l'homme d'affaires a confié à deux groupes universitaires, à Stanford et Oxford, le mandat de voir quelle allure pourrait prendre à long terme son événement, mais aussi comment le financer. À terme, M. Racicot espère que la philanthropie viendra combler les sommes perdues en commandites.

Des retombées concrètes

Au terme de la semaine de rencontres, aucune annonce n'a été rendue publique, comme les dernières fois. La nature même de certaines des discussions entre les invités échappe à l'organisateur de l'événement.

Toutefois, depuis sa création en 2011, la Table ronde a engendré des réalisations bien tangibles, souligne Christian Racicot, à commencer par la création d'un fonds de 2 milliards géré conjointement par la China Investment Corporation et le Fonds russe d'investissement direct. Celui-ci permet à la Chine d'investir avec confiance dans des sociétés russes.

C'est d'ailleurs en s'inspirant de cette histoire qu'un autre participant à la Table ronde, la Caisse des Dépôts et Consignations de France, a créé CDC International en septembre dernier. Le nouveau bras financier investira conjointement avec des fonds étrangers dans des entreprises françaises.

À ces histoires s'en ajouteront sans doute d'autres puisque la prochaine rencontre de la Table ronde des Investisseurs institutionnels, organisée au printemps prochain au Moyen-Orient, compte déjà 31 inscriptions.