La mise en service de l'autoroute 30 a relancé le débat sur l'emplacement du futur pôle logistique de transport intermodal, un parc industriel moderne susceptible d'attirer 3,6 milliards d'investissements privés au cours des prochaines années, selon les estimations du gouvernement du Québec.

Bien des territoires traversés par le nouveau lien autoroutier le convoitent. Québec promet de choisir un lieu dans le courant de l'année 2014. Les militants péquistes réunis en Conseil national à la mi-novembre ont adopté une résolution pour établir le fameux pôle à Contrecoeur, là où le port de Montréal prévoit commencer la construction d'un nouveau terminal de conteneurs à compter de 2018.

La réalisation du pôle logistique nécessitera des investissements publics de 150 millions en 10 ans, prévoit Québec.

Pour l'aider dans sa prise de décision, un comité interministériel a consulté, en novembre, les cinq MRC traversées par l'autoroute 30 de Vaudreuil à Sorel, sans oublier les Mohawks de Kahnawake.

Sans surprise, les MRC de l'ouest et de l'est du territoire se disputent le pôle logistique. Vaudreuil-Soulanges fait valoir ses atouts: présence de centres de distribution d'envergure comme celui de Canadian Tire à Coteau-du-Lac qui a la capacité de traiter 25 000 conteneurs par année; desserte ferroviaire du territoire par les transporteurs CN, CP et CSX; lien autoroutier avec Toronto et l'aménagement éventuel d'un terminal ferroviaire du CP à Les Cèdres, un projet mis en veilleuse toutefois par le PDG du Canadien Pacifique, Hunter Harrison.

Les libéraux ont d'ailleurs promis d'implanter le pôle logistique à Vaudreuil-Dorion lors de la dernière campagne électorale, à l'été 2012.

«On a bien étudié les flots de transport et les problèmes de logistique, dit Julien Turcotte, directeur général du CLD de Vaudreuil-Soulanges. Avec les infrastructures sur le territoire, on pourrait contribuer rapidement à régler une bonne partie de ces problèmes. Personne d'autre, selon nous, n'a fait un cheminement aussi approfondi pour avoir le plus de retombées [grâce au pôle] avec le moins d'impacts négatifs», soutient-il.

Appui de taille

Dans l'est, c'est la MRC de Marguerite-D'Youville, dont le territoire recoupe notamment les villes de Varennes et de Contrecoeur, qui pousse le plus fort pour décrocher le pôle. Contrecoeur est représenté à Québec par le ministre péquiste de la Sécurité publique Stéphane Bergeron. Élaine Zakaïb, ministre déléguée à la Politique industrielle est la députée de Richelieu, la circonscription voisine.

En plus, Contrecoeur est soutenue par le Port de Montréal, qui a également participé à la consultation du comité interministériel.

«À Contrecoeur, c'est l'endroit le long de la 30 où l'on trouve le plus de terrains zonés blancs avec 150 hectares [environ 15 millions de pieds carrés]», souligne Suzanne Roy, préfet de la MRC de Marguerite-D'Youville et mairesse de Sainte-Julie.

Récemment, le Groupe Jean Coutu a annoncé le déménagement de son siège social et de son entrepôt principal dans la ville voisine de Varennes. Auparavant, Groupe Robert, un fournisseur de services de logistique, a annoncé la construction d'un nouveau terminal à Varennes.

À moyen terme, peu importe la MRC retenue, les grands terrains industriels manquent à l'appel. Partout, il va falloir soit décontaminer, soit les desservir en infrastructures municipales, soit les sortir de la zone agricole. Ce à quoi s'oppose la Fédération de l'Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie, qui a également été consultée par le comité interministériel. L'A30 traverse des terres agricoles où se côtoient 1500 fermes réalisant des revenus annuels bruts de 461 millions, apprend-on dans le mémoire que l'UPA a déposé.

De beaux débats en perspective.

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QU'EST-CE QU'UN PÔLE LOGISTIQUE DE TRANSPORT?

C'est l'équivalent d'un grand parc industriel permettant d'attirer des centres de distribution à valeur ajoutée pour traiter un nombre maximal de conteneurs. Par valeur ajoutée, le Conseil de la science et de la technologie parle, dans un avis sur la chaîne logistique paru en 2010, d'un centre qui, en plus du rôle traditionnel d'entreposage et de distribution, offre des services comme le groupage, l'emballage, l'étiquetage, l'assemblage final et le conditionnement, la récupération, le tri et la mise en valeur de produits en fin de cycle. Une telle zone s'accompagne souvent d'une zone franche industrielle qui permet d'éviter d'avoir à dédouaner les marchandises importées avant de les exporter. Certaines MRC sont d'avis qu'il revient au gouvernement provincial d'en assurer un développement cohérent, à l'image de ce qu'il fait au parc industriel de Bécancour.