La léthargie de l'économie québécoise pèse sur les finances publiques. Après deux mois de l'exercice 2013-2014, Québec enregistre un déficit de 1,2 milliard, soit le même que celui observé pour la période d'avril et de mai 2012.

La différence toutefois, c'est que l'exercice financier précédent devait se solder par un déficit de 1,5 milliard alors que le présent doit marquer un retour à l'équilibre budgétaire.

En réalité, le déficit de l'an dernier aura été de 1,75 milliard (si on exclut la provision extraordinaire pour la fermeture de la centrale Gentilly-2).

Le retour à l'équilibre cette année paraît un objectif ambitieux, compte tenu de la langueur de l'économie.

En font foi, les revenus tirés de l'impôt sur les sociétés qui accusent un recul de 12,2% sur la période d'avril et de mai 2012 de même que les taxes à la consommation, en baisse de 0,8%.

L'impôt sur le revenu des particuliers est quant à lui en progression de 4,8%, à la faveur surtout d'un nouveau palier d'imposition pour les revenus imposables au-dessus de 100 000$.

Les transferts fédéraux sont à la hausse de 244 millions, ce qui reflète à la fois l'augmentation annoncée par Ottawa à l'automne ainsi que la deuxième portion de la compensation financière découlant de l'harmonisation de la taxe de vente du Québec à la taxe sur les biens et les services. Cette deuxième portion s'élève à 1,467 milliard et est versée sur une base mensuelle, à la différence de la première transférée en un bloc, au début de 2013.

Dans son rapport, publié à 16 heures hier, le ministère des Finances précise qu'«un déficit au cours des deux premiers mois de l'année financière est conforme à la tendance historique».

Ce qui l'est moins, c'est qu'après un recul du produit intérieur brut en avril et une stagnation en mai, l'économie québécoise a certainement trébuché en juin avec la grève de deux semaines dans l'industrie de la construction qui a forcé l'adoption d'une loi spéciale.

Hier, Statistique Canada attribuait notamment à cette grève le repli de 0,5% de l'économie canadienne en juin. À l'échelle du Canada, la production de l'industrie canadienne de la construction a plongé de 1,9% au cours du mois. Seuls les ouvriers québécois avaient débrayé. C'est peu dire du dégât que le conflit aura causé aux finances publiques de sa société distincte.

Les dépenses budgétaires ont augmenté de 2,5%, alors que la hausse doit être limitée à 1,9% pour l'ensemble de l'exercice. Selon Québec, une augmentation plus forte en début d'exercice est normale et récurrente.

Il en va autrement de celle du service de la dette. Bien que faible (16 millions), elle ne pourra qu'augmenter, les coûts d'emprunts de la province progressant depuis le printemps.

À preuve, Québec a émis jeudi une tranche de 500 millions de son obligation venant à échéance en 2045. Il a dû consentir un rendement de 4,228% à ses prêteurs. Le 2 juillet, pareille émission avait trouvé preneur à 3,938%. Mince consolation, la province n'a plus que 1,2 milliard à emprunter d'ici le 31 mars, à condition, bien sûr que le déficit zéro soit atteint.

À Ottawa, la situation financière est moins tendue.

Le ministère des Finances a indiqué que le déficit s'élevait à 2,8 milliards après trois mois, ce qui est conforme à ses prévisions.

Ce qui l'est moins, c'est que la croissance de l'assiette fiscale (le PIB en dollars courants) a été plus faible que la croissance réelle.

C'est doublement inquiétant pour le Québec.