Les barrières tarifaires «inutiles» et «extrêmement élevées» censées protéger l'industrie agroalimentaire canadienne nuisent à l'économie et aux consommateurs, affirme le Conference Board du Canada.

Au cours des 20 dernières années, les «barrières» au commerce des aliments «ont diminué considérablement», reconnaît le think tank dans un rapport publié mercredi.

Mais ce n'est pas encore suffisant, juge-t-il.

«Nous avons des ressources considérables qui peuvent être utilisées pour répondre à la demande mondiale de nourriture. Pourtant, le Canada continue à maintenir des barrières tarifaires élevées et des barrières non tarifaires au commerce des denrées alimentaires qui limitent nos gains tirés du commerce.»

Le Conference Board insiste sur l'importance pour les entreprises canadiennes de miser le plus possible sur l'exportation, étant donné la petitesse du marché intérieur. «Ce sera la principale source de croissance de l'industrie agroalimentaire canadienne à l'avenir.»

Freiner l'entrée au pays de certains aliments nuirait aussi aux consommateurs. Les échanges commerciaux donnent accès aux ménages canadiens "à une variété de produits à prix raisonnables», et ce, à longueur d'année, plaide-t-on.

Les «barrières tarifaires» empêcheraient les Canadiens «d'acheter des fromages et des yogourts européens abordables», affirme l'auteure de Liberalization's Last Frontier: Canada's Food Trade, Kristelle Audet, sans comparer les prix des aliments dans le monde. Elle ajoute que la sécurité alimentaire du Canada «est améliorée par l'importation puisqu'elle diversifie les sources d'approvisionnement et réduit son exposition aux effets de la météo sur les récoltes».

L'exception canadienne

La stratégie du Canada est d'autant plus surprenante qu'il s'agit de l'un des rares pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques à exporter plus de nourriture qu'il en importe, mentionne le Conference Board. Règle générale, les pays qui soutiennent le plus leur agriculture sont des importateurs nets d'aliments.

Le Canada ferait donc exception. Ses importations de produits laitiers, par exemple, sont frappées de droits de douane de 246,8%, tandis que le taux ne dépasse pas 6% en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Chili, trois exportateurs nets. Dans les pays où la population se nourrit principalement d'aliments venus d'ailleurs (Japon, Norvège, Islande, Suisse, Corée du Sud), les tarifs se rapprochent davantage de ceux en vigueur au Canada, variant de 68 à 179%.

Les droits de douane sur les oeufs, les produits laitiers et le poulet (dont l'offre est gérée au Canada) «privent d'autres produits agricoles moins protégés, comme le porc et le boeuf, de profiter pleinement des possibilités de croissance», croit l'auteure de l'étude.

Les écarts tarifaires avec les autres pays sont moins importants dans le cas du café, des fruits et légumes, du sucre, des céréales et des boissons. Pour la plupart de ces catégories d'aliments, les tarifs canadiens sont plus bas que ceux exigés par les pays importateurs nets, mais plus élevés qu'en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Chili (exportateurs nets).

Les tarifs canadiens d'importation se comparent par ailleurs à ceux des États-Unis et de l'Union européenne. Et seules trois catégories de produits se démarquent par des tarifs beaucoup plus élevés que ceux en vigueur au sud de la frontière: la viande, les céréales et les produits laitiers.