Les grands festivals devront attendre pour voir une refonte de leurs programmes de subventions. S'il reste «très attentif» à leurs demandes et «ouvert à la discussion», le gouvernement Marois leur suggère de regarder du côté d'Ottawa s'ils veulent une hausse de leurs subventions à court terme.

Québec rappelle qu'Ottawa a mis fin en 2011 à un programme fédéral temporaire de deux ans créé pour aider les grands festivals durant la crise économique. «Ce n'est pas à nous de combler le retrait du fédéral. Nous ne nous sommes jamais retirés du milieu touristique comme l'a fait le fédéral. Nous [les Québécois] envoyons toujours 50% de nos impôts à Ottawa. Les yeux sont toujours rivés vers Québec, mais c'est une pression disproportionnée», dit le ministre québécois délégué au Tourisme, Pascal Bérubé, en entrevue à La Presse.

Un plafond aboli

Les grands festivals comme Juste pour rire et le Festival international de jazz de Montréal (FIJM) aimeraient que Tourisme Québec abolisse son plafond de 1 million de dollars par événement. L'Équipe Spectra, qui organise le FIJM ainsi que les Francofolies et Montréal en lumière, veut aussi que les subventions soient ajustées pour refléter les coûts croissants de ses festivals de rue gratuits. Cette dernière demande ne fait toutefois pas l'unanimité, notamment auprès du Festival d'été de Québec, dont les plus grands spectacles sont payants.

Le ministre Bérubé ne veut pas trancher le débat pour l'instant. «J'ai bien aimé La Presse [d'hier], les arguments du Festival d'été de Québec, tout comme ceux de Spectra, dit-il. Les deux ont raison, chacun dans leur réalité. Et nous avons aussi une responsabilité envers les événements plus petits. Je suis moi-même un député des régions...»

Les grands festivals promettent davantage de retombées économiques avec une hausse des subventions. Actuellement, Tourisme Québec n'évalue pas les retombées économiques dans l'attribution des subventions, mais d'autres données comme la fréquentation.

«Outre le Grand Prix de F1, qui est un événement à part et le Festival international de jazz, il n'y en a pas tant que ça [des événements qui amènent des touristes internationaux], dit le ministre Bérubé. Nous ne cessons de parfaire nos pratiques, mais les retombées économiques ne sont pas toujours faciles à évaluer. Si nous faisions des études précises pour chaque événement, les coûts monteraient en flèche, et c'est de l'argent que nous n'avons pas.»

Le budget de Tourisme Québec pour subventionner les festivals est passé de 15 à 17,5 millions cette année. Tous ordres de gouvernement confondus, la part des subventions publiques des grands festivals québécois varie de 13% (Festival d'été de Québec) à 18% (Festival international de jazz de Montréal).

Le gouvernement fédéral n'a pas précisé à La Presse s'il est ouvert à modifier les paramètres de ses programmes de subventions. Il dit vouloir «accroître la visibilité et le rayonnement des régions du Québec, [...] attirer les touristes hors Québec et ainsi favoriser la croissance économique des régions du Québec», a indiqué par courriel l'attachée de presse du ministre fédéral Denis Lebel, qui est responsable de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec.