Malgré la crise politique et les révélations de corruption qui la secouent, la gestion budgétaire et financière de la Ville de Montréal demeure sur la bonne voie, estime l'agence de notation Moody's.

Du coup, dans son rapport annuel sur la métropole diffusé hier dans le milieu financier, Moody's réconforte un peu les Montréalais en réitérant la cote financière «Aa2» qu'elle attribue aux titres de dette émis par leur ville.

Cette cote, inchangée depuis janvier 2007, demeure dans la moyenne inférieure des cotes attribuées aux principales villes au Canada. Moody's attribue cet écart surtout à l'endettement plus élevé de Montréal par rapport à des villes comme Toronto (cotée un cran au-dessus à Aa1) et Vancouver (la plus haute cote à Aaa, mais avec une note négative depuis décembre 2012).

À Montréal, Moody's apprécie surtout l'amélioration continue depuis quelques années des paramètres de contrôle des dépenses par rapport aux revenus de la Ville. L'agence souligne aussi la réduction du poids de la dette dans les états financiers de Montréal, même si ce poids demeure un peu élevé par rapport à ses semblables canadiennes.

Quant aux problèmes de gouvernance qui affligent Montréal, «nous surveillons ce qui se passe, mais à ce moment-ci, nous n'avons pas encore vu d'impact sur le suivi de la gestion budgétaire et financière», a commenté Michael Yake, vice-président et analyste principal au bureau de Moody's pour le Canada, qui est situé à Toronto.

Tout au plus, Moody's note brièvement dans son rapport que la Ville de Montréal fonctionne désormais sous «des conditions plus strictes pour ses projets d'infrastructures après les révélations de possible corruption dans les contrats en construction».

Selon Michael Yake, cette situation devrait mener à une gestion encore plus serrée des contrats et des travaux à la Ville de Montréal.

«Ça pourrait être de bon augure pour l'administration budgétaire de la Ville, après avoir vraisemblablement subi des surcoûts pendant des années en raison des malversations de certains fournisseurs.»

FACTEURS FAVORABLES

> Continuité des efforts de réduction des dépenses et d'amélioration de l'efficacité budgétaire

> Réduction du poids de la dette nette (directe et indirecte) de 99% à 84% des revenus d'exploitation depuis 3 ans

> Croissance continue des revenus d'exploitation (" 5%, à 5,72 milliards, en 2012)

> Croissance des revenus de taxes et d'impôt foncier (" 4,5%, à 2,85 milliards, en 2012)

> Économie régionale et bassin de taxation bien diversifiés (services financiers, technologies, aérospatiale, etc.)

> Surveillance budgétaire et caution financière indirectes du gouvernement du Québec

FACTEURS DÉFAVORABLES

> Dette nette (directe et indirecte) encore élevée à 4,84 milliards

> Plafond d'endettement permis encore élevé à 100% des revenus, et à 16% des revenus pour le coût de cette dette (intérêt et frais de financement)

> Risque d'endettement accru avec l'ampleur des projets d'infrastructure en cours et prévus, y compris la part des projets de la STM (ajoutée au bilan de Montréal depuis 2011)

> Risque de surcoûts budgétaires pour renflouer les régimes de retraite des employés municipaux

> Population à revenu moindre et à chômage plus élevé que les villes comparables au Canada

Source: Moody's