Le sacrifice de Jean-Pierre Sauriol n'aura servi à rien: le géant du génie-conseil Dessau devra faire une croix sur tous ses contrats publics au Québec, possiblement jusqu'en 2018.

L'Autorité des marchés financiers (AMF), en charge de certifier la probité des entreprises qui font affaire avec le gouvernement, a placé la firme sur son Registre des entreprises non admissibles aux contrats publics (RENA) en date d'aujourd'hui. Elle «ne pourra se voir accorder un contrat public ou sous-contrat public ou poursuivre un tel contrat en cours d'exécution», selon le site du registre. 

Elle pourra toutefois, après environ un an, déposer un nouveau dossier et tenter de faire retirer son nom de cette «liste noire»

Selon le témoignage de son vice-président Rosaire Sauriol à la Commission Charbonneau, environ 65% du chiffre d'affaires de l'entreprise provient de contrats publics.

L'entreprise de construction Verreault, une entreprise-soeur de Dessau, a aussi été inscrite sur la même liste et devra se passer des contrats publics.

Dessau se vante d'être l'une des 60 plus importantes firmes de génie-conseil sur la planète. Elle revendique 5000 employés au Québec et ailleurs dans le monde. Verreault emploie 3500 personnes.

Le porte-parole de l'entreprise n'a pas immédiatement rappelé La Presse, jeudi.

Quitte ou double

À l'AMF, on explique avoir reçu un dossier de la part de Dessau et Verreault, qui souhaitaient être inscrites sur la «liste verte» du gouvernement. Ce registre permet aux entreprises qui y figurent d'obtenir des contrats de plus de 40 millions $ auprès du secteur public.

Plutôt que d'être inscrites sur cette «liste verte», les deux entreprises ont plutôt vu leurs noms apparaître sur la «liste noire» par l'AMF.

Dessau «a passé à travers le processus de vérification et ça c'est avéré être un refus dans leur cas», a résumé Sylvain Théberge, porte-parole de l'AMF. L'Unité permanente anti-corruption a donc remis une recommandantion négative.

Avant d'être inscrite sur la «liste noire» les entreprises ont eu 10 jours «où la compagnie a la possibilité de nous fournir de la nouvelle information, de nouveaux éléments», a indiqué M. Théberge.

Jean-Pierre Sauriol, le président de l'entreprise, a démissionné de son poste il y a deux semaines.

«Il m'est apparu très clairement que Dessau n'obtiendrait pas [l'attestation de l'AMF] si je restais à la tête de l'entreprise. Je prends cette décision dans ce que je considère être les meilleurs intérêts de Dessau et de ses 5000 employés», indiquait alors M. Sauriol dans un communiqué de presse.

Il signait ainsi la fin du règne de la famille Sauriol sur l'entreprise. Son frère, Rosaire Sauriol, avait démissionné de son poste peu après son témoignage accablant à la Commission Charbonneau, en mars dernier.