Une remontée des taux d'intérêt pourrait coûter très cher au gouvernement du Québec, dont la dette a plus que doublé depuis 12 ans à près de 160 milliards de dollars.

Selon une analyse de la firme montréalaise BCA Research, réputée dans le milieu financier, une hausse de taux de 2% d'ici cinq ans augmenterait d'au moins 1,3 milliard la facture annuelle d'intérêt à payer par le Québec sur sa dette.

Un tel surcoût d'intérêt à inclure dans les dépenses gouvernementales représenterait une somme équivalente aux budgets combinés de trois ministères actuels: l'Environnement, la Culture et les Relations internationales.

Pourquoi un tel risque de surcoût d'intérêt? L'analyse de BCA Research pointe du doigt deux facteurs principaux dans les finances publiques du Québec.

D'une part, contrairement à l'impression de resserrement budgétaire depuis des années, la dette du gouvernement québécoise a plus que doublé depuis l'an 2000. Elle se comptabilise maintenant à hauteur de 159 milliards, comparativement à 76 milliards il y a 12 ans.

D'autre part, BCA Research souligne que le contexte de très bas taux d'intérêt a effectivement contribué à réduire le coût annuel (intérêts à payer) de cette dette dans le budget du Québec, même si elle a continué de croître.

En fait, le coût de la dette ne représente plus que 10,9% des revenus du gouvernement du Québec, comparativement à 14,8% il y a 12 ans, en l'an 2000.

Revirement de situation

Toutefois, avertit BCA Research, cette situation de taux d'intérêt favorables pourrait se renverser rapidement en cas de changement de conjoncture économique et financière.

Et un tel revirement surviendrait alors que près des deux tiers (61%) de la dette du Québec seront renouvelables à compter de 2018. C'est-à-dire dans cinq ans, alors que les taux d'intérêt auront fort probablement augmenté par rapport à leur bas niveau historique.

«Le Québec bénéficie de coûts d'emprunt peu élevés pour le moment, mais ce ne sera pas toujours le cas. C'est pourquoi le gouvernement devrait s'employer en priorité à réduire sa dette pour éviter d'avoir à faire éventuellement des choix encore plus douloureux», souligne Lenka Martinek, stratège en chef chez BCA Research, dans sa note publicisée hier par l'Institut économique de Montréal.

Selon l'analyse de BCA, une remontée des taux d'intérêt qui s'amorcerait bientôt, même timide, pourrait augmenter le coût de la dette du Québec de l'ordre de 600 millions dès le prochain exercice budgétaire 2014-2015.

Ce surcoût annuel d'intérêt pourrait augmenter à 800 millions lors de l'exercice suivant, puis à 1,1 milliard en 2016-2017 et à 1,3 milliard dans cinq ans.