L'investissement de plus de 3 millions de dollars du Fonds de solidarité FTQ dans la société immobilière de son ex-patron Claude Blanchet s'est avéré coûteux pour les actionnaires du fonds de travailleurs.

Le 14 décembre dernier, le Fonds a vendu 40% de sa participation dans Capital BLF à Mathieu Duguay, de la société Cogir, à un prix de 15 cents l'action. Avant cette transaction, le fonds détenait 10 557 999 actions de BLF, qu'elle avait achetées entre 2008 et 2010 à un coût moyen de 29 cents.

Le Fonds a obtenu de M. Duguay un peu plus de 662 000$ pour des actions qu'il a payées 1 277 000$, soit une perte de 50%.

Le gros des actions de BLF détenues par le Fonds FTQ a été acquis en juillet 2008 lorsque le Fonds a acquis 10 millions d'actions à 30 cents dans le cadre d'un placement privé.

«Il y a d'autres actions (558 000 actions) qui ont été achetées à 10 cents», a précisé Patrick McQuilken, porte-parole du Fonds de solidarité.

Pour éviter de perdre de l'argent avec son investissement, le Fonds FTQ doit espérer que le prix des actions qu'il lui reste dans Capital BLF dépasse les 39 cents, en tenant compte des 662 000$ encaissés lors de la vente à M. Duguay. Actuellement, l'action de BLF se vend 20 cents à la Bourse TSX Croissance.

Le Fonds FTQ a investi 3 millions dans Capital BLF à un moment où la société avait un portefeuille immobilier d'à peine 5 millions, constitué de deux immeubles locatifs de la rue Ridgewood, comptant 65 logements.

Est-ce fréquent pour le Fonds d'investir des sommes aussi importantes dans des sociétés aussi petites?, avons-nous demandé à M. McQuilken.

«M. Blanchet et ses associés ont une très bonne expérience dans le domaine immobilier, a-t-il répondu. À l'époque, on a fait l'analyse du dossier, on a cru que c'était un bon investissement pour les actionnaires du Fonds de solidarité.»

Capital BLF a été créé par Claude Blanchet en 2007. Le mari de la première ministre Pauline Marois a dirigé le Fonds de solidarité FTQ de 1983 à 1997.

Le Fonds FTQ se défend bien d'avoir dérogé à ses politiques dans ce dossier. «Il n'y a eu aucune exception à nos politiques d'investissement lorsque l'investissement a été fait. Tous les dossiers sont analysés avec la même rigueur et les mêmes critères», a assuré M. McQuilken, tout en soulignant que la société BLF avait souffert de la crise de 2008 à l'instar de tous les investisseurs immobiliers.

Depuis la vente de 40% de ses actions dans BLF, Claude Blanchet n'agit plus comme chef de la direction de BLF. C'est Mathieu Duguay qui occupe le fauteuil. M. Blanchet agit dorénavant comme président du conseil d'administration.