Trop lourde, la dette publique du Québec? Dangereuse même, disent des analystes financiers. Au cours de la campagne électorale qui s'achève, il a été beaucoup question de retour à l'équilibre budgétaire dès le prochain exercice financier et, aussi, des mesures d'allégement de la dette. Chaque parti propose sa recette miracle.

Dans le Plan budgétaire déposé en mars par le ministre sortant des Finances, Raymond Bachand, la gestion du poids de la dette passe par des contributions additionnelles au Fonds des générations (FG) plutôt que par des remboursements partiels.

Créé en 2006 par Michel Audet, un prédécesseur de M. Bachand dans le gouvernement de Jean Charest, le FG est une cagnotte dont la valeur comptable sera de quelque 5,5 milliards à la fin de la présente année financière. Cet argent est déposé à la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Le pari de M. Audet était que les rendements du FG seraient plus élevés que les économies que Québec réaliserait au service de sa dette en la remboursant en partie. Ce faisant, le poids relatif de la dette diminuerait plus vite à terme.

Les mauvais rendements de la Caisse en 2008 remettent en question ce pari, mais le gouvernement est resté fidèle à cette stratégie d'allégement.

Pour gonfler le FG à compter de 2013-2014 (et réduire le poids relatif de la dette), le Plan budgétaire lui consacre des revenus. Ce sont avant tout des redevances hydrauliques versées par Hydro-Québec et les producteurs privés, dont Rio Tinto Alcan.

À compter de 2014-2015 s'ajouteront les revenus d'Hydro-Québec provenant des augmentations d'un cinquième de cent pendant cinq ans du tarif sur le bloc patrimonial de sa production d'électricité. Chaque cinquième de cent représente 315 millions, ce qui portera à 1,58 milliard l'effort des consommateurs non corporatifs d'électricité au FG, en 2018-2019.

L'augmentation des redevances minières devrait aussi rapporter 50 millions par année, à compter de 2014-2015.

Le ministère des Finances évalue à 10 millions, bon an mal an, la valeur des biens non réclamés par les successions de personnes sous la curatelle publique. Il les ajoute au FG.

Enfin, il fait l'hypothèse audacieuse que la Caisse assurera au FG un rendement de 7% par année.

Selon ces projections, le FG aura gonflé de 7,15 milliards en 2016-2017. La dette brute (voir encadré) sera pourtant passée de 183,7 milliards cette année à 210,8 milliards en 2016-2017, à cause d'emprunts de plus de 5 milliards par année pour financer des dépenses en immobilisations.

Le poids relatif de cette dette par rapport à la taille de l'économie aura néanmoins légèrement diminué, selon le Plan budgétaire. De 55,3% du produit intérieur brut, il équivaudrait alors à 52,1%.

C'est ce ratio qui est déterminant dans l'appréciation de la dette et dans les coûts d'emprunt exigés par les créanciers.