Le gouvernement Charest a largement sous-évalué la dette Québec. Son évaluation de mars 2010 devrait être revue et haussée de 10 milliards de dollars pour 2015, observe Michel Samson, Vérificateur général par intérim. Son rapport financier déposé hier à l'Assemblée nationale révèle aussi que la dette venant des déficits accumulés avait été elle, sous-évaluée, de 2,9 milliards.

À l'Assemblée nationale, le critique du PQ aux Finances, Nicolas Marceau a relevé l'importance de ces erreurs, dans des évaluations qui datent à peine de dix-huit mois.

Dans son rapport, M. Samson observe que «les cibles de réduction de la dette (dette brute et déficits cumulés) fixées dans la loi pour 2025-2026 demanderont un effort soutenu et un suivi rigoureux». Car, relève-t-il, «selon la dernière prévision effectuée par le gouvernement, le montant de la dette brute et celui des déficits cumulés au 31 mars 2015 seront respectivement supérieurs de près de 10 et de 2,9 milliards de dollars à ceux déterminés en mars 2010, soit environ un an et demi plus tôt».

Le rapport observe aussi qu'en laissant les établissements de santé faire des déficits, le gouvernement transgresse sa propre loi. Depuis 2000, il est prévu qu'un établissement public du réseau ne peut pas terminer l'année financière en enregistrant un déficit. «En 2010-2011, parmi les 67 établissements ayant déclaré un déficit, lequel totalisait 141 millions de dollars, 38 d'entre eux accusent un déficit depuis au moins 5 ans». Pour M Samson, «le non-respect chronique de la loi depuis son entrée en vigueur et la banalisation de cette situation par le ministère sont inacceptables. L'attribution de cibles déficitaires aux établissements, bien que la loi leur interdit de faire de tels déficits, équivaut à les autoriser à contrevenir à la loi».

À compter d'avril Québec adoptera une nouvelle norme comptable pour les paiements de transferts fédéraux. Si elle avait été appliquée au cours des deux dernières années, cette méthode de calcul aurait fait grimper de 7,5 milliards les déficits accumulés au 31 mars 2011.

Le Vérificateur observe aussi que Québec peine à se serrer la ceinture. Les dépenses sont systématiquement supérieures aux cibles du «Plan de retour à l'équilibre budgétaire» du ministre des Finances Raymond Bachand. Québec prévoit dépenser davantage au cours des trois prochaines années, mais continue de fixer la cible nettement en bas de la moyenne historique.