La Caisse de dépôt a réussi à tirer un rendement enviable d'une année 2011 que tous les gestionnaires de fonds préféreront oublier.

Son rendement global de 4% est comparable aux performances des gestionnaires de grandes caisses de retraite au Canada, dont les meilleures ont obtenu une note de 3,5%, selon l'indice RBC Dexia.

La performance de la Caisse est toutefois inférieure à son propre indice de référence, établi à 4,2%.

Qu'importe, ses principaux dirigeants, alignés en rang d'oignon devant la presse pour leur compte rendu annuel, affichaient hier la satisfaction d'avoir remporté un combat difficile.

«C'est une chose de faire de l'argent quand les marchés sont bons, mais le vrai test, c'est de protéger notre capital et de le faire fructifier quand les marchés sont mauvais», a commenté Michael Sabia, le président et chef de la direction de la Caisse.

À ses yeux, ce rendement de 4% est donc une meilleure performance pour la Caisse que celui de 13,6% enregistré en 2010, dans un environnement plus facile.

La deuxième moitié de 2011 a été particulièrement éprouvante pour les gestionnaires de la Caisse. L'aggravation de la crise européenne les a forcés à envisager les pires scénarios et à réduire leurs positions sur les marchés boursiers. «On a joué défensif pour un certain temps», a expliqué M. Sabia.

En réduisant de 37% à 30% la part de ses investissements en actions, la Caisse a pu éviter le pire. La dernière moitié de l'année s'est soldée par un rendement modeste de 0,4%, qui s'est ajouté aux 3,6% obtenus entre janvier et juin.

En 2011, la Caisse a finalement récupéré ses pertes colossales de 2008, qui avaient réduit son actif de 155,4 à 120,1 milliard. Avec les profits de 5,7 milliards que le rendement de 4% a générés, son actif a atteint 159 milliards au 31 décembre 2011.

Les salaires ont bondi de 17% au cours de l'exercice, ce qui, selon M. Sabia, s'explique par le recrutement de 45 à 50 personnes. La Caisse compte 770 employés.

Fin d'année difficile

Seulement 5 des 11 portefeuilles d'investissement de la Caisse ont fait mieux que leurs indices de référence. Parmi ceux qui ont bien fait, il y a les obligations, la dette immobilière, les infrastructures et les placements privés.

De toutes les autres catégories de placement dont la performance laisse à désirer, le plus gênant est le rendement négatif de 10,6% du portefeuille d'actions canadiennes, qui a fait perdre 500 millions à la Caisse.

«C'est décevant, surtout que ça arrive après une année 2010 qui n'était pas terrible non plus», a reconnu le responsable des placements Roland Lescure. Il attribue la contre-performance de 2011 au fait que la Caisse n'avait pas suffisamment d'actions avec dividendes à haut rendement.

Malgré cette piètre performance dans un secteur que les gestionnaires de la Caisse devraient pourtant bien connaître, il n'est pas question de mettre ce portefeuille en gestion indicielle, a-t-il dit.

Depuis sa déconfiture de 2008, la Caisse offre à ses déposants la possibilité de gérer une partie de leurs fonds en calquant l'indice de référence, sans intervention de la part de ses gestionnaires. En 2011, six portefeuilles comptant pour 20% de l'actif étaient gérés en copiant les indices.

Quebecor Media

Deux des plus importants investissements à vie de la Caisse, Quebecor Media et BAA, le gestionnaire des aéroports de Londres, valent toujours moins que le prix payé et qui a dû être réduit dans ses livres.

BAA a contribué positivement aux résultats en 2011, a-t-on appris hier. La contribution de Quebecor Media, par contre, a été négative. La valeur marchande de la part de la Caisse dans Quebecor Media était de 2,3 milliards au 31 décembre 2011, encore loin des 3,2 milliards qu'elle y a investis il y a 10 ans.

L'an dernier, Michael Sabia s'était dit très content de la performance de Quebecor Media. Il l'est moins cette année. «Nous avons du travail à faire», a-t-il dit.

Par ailleurs, le grand patron de la Caisse n'a pas l'intention de remettre les pieds à la résidence de la famille Desmarais, à Sagard, une visite qui a fait couler beaucoup d'encre récemment.

«Je pense que j'ai le droit d'avoir des amis, a-t-il dit dans une longue réponse au journaliste de La Presse Affaires qui lui avait posé la question. Mais s'il faut faire un choix - et malheureusement, dans le contexte, il faut que je fasse un choix -, je pense que c'est bien évident qu'il faut protéger l'intégrité de la Caisse.»

Power Corporation, l'entreprise de la famille Desmarais, possède le journal La Presse.

> Dans sa chronique de samedi, Michel Girard fera le point sur le controversé investissement de la Caisse de dépôt et placement dans Quebecor Media.