En laissant planer la possibilité de vendre en ligne ses loteries, Loto-Québec a causé la surprise, mais surtout suscité des questions chez l'Association canadienne et québécoise des dépanneurs en alimentation (ACDA-AQDA).

Le vice-président principal de l'ACDA, Michel Gadbois, a affirmé que depuis plusieurs années, Loto-Québec montre des signes d'intérêt pour un passage vers le web. Selon lui, cette décision soulève plusieurs inquiétudes, tant économiques que sociales.

La principale source de préoccupation demeure les possibles impacts sur les petits détaillants et dépanneurs, qui, à l'heure actuellement, représentent 78 pour cent des ventes de loteries. M. Gadbois rappelle que les marges bénéficiaires de ces petits commerçants demeurent très faibles.

Les 6 000 dépanneurs du Québec estiment représenter un partenaire incontournable et la décision du monopole d'État de procéder sans consultation déplaît. Les dépanneurs remettent annuellement 7,6 milliards $ en taxes au gouvernement.

Michel Gadbois émet aussi des doutes sur la capacité de Loto-Québec de faire des gains majeurs sur Internet. Ce passage en ligne a déjà été effectué ailleurs au Canada, notamment dans les provinces de l'Atlantique.

L'ACDA-AQDA compte faire des vérifications avec les provinces des maritimes, afin de vérifier leurs chiffres. L'objectif est de présenter ensuite une position claire et des intentions au ministre des Finances, Raymond Bachand, responsable des loteries.

L'Association canadienne et québécoise des dépanneurs en alimentation estime que le gouvernement doit bien soupeser cette décision.

«Ce n'est pas quelque chose qui se fait simplement par un coup de baguette magique. Plusieurs décisions sont prises par les sociétés d'État qui impliquent l'économie québécoise. Faut voir si ces décisions sont prises dans l'intérêt collectif ou pas»

En somme, pour Michel Gadbois, si la Loto-Québec fait augmenter ses profits, mais qu'en contrepartie de nombreux dépanneurs sont forcés de fermer leurs portes, le gain collectif ne sera peut-être pas si intéressant.

Il rappelle qu'au cours des dix dernières années diverses politiques et mesures réglementaires ont été adoptées et ont eu un impact sur la rentabilité des dépanneurs. L'association mentionne le prix minimum pour la bière, les stratégies de lutte contre la contrebande de tabac ou encore les frais sur les transactions par carte de crédit.

Les commerçants se questionnent également sur les mesures de contrôle qui seront plus difficiles à faire respecter en ligne.

«Notre première obligation est de voir au respect de la loi sur la vente aux mineurs, comme pour les cigarettes et l'alcool. Nous avons des doutes sur l'aspect sécuritaire de la vente en ligne, dont les mécanismes de contrôle ne sont pas garantis », affirme M. Gadbois.