Personne ne gagne 7,5 millions de dollars par année comme Scott Gomez, aucune équipe ne remplit 21 273 sièges soir après soir comme au Centre Bell et les cotes d'écoute au petit écran sont loin du million de téléspectateurs du hockey du Tricolore à RDS. Mais à l'ombre de la puissante machine commerciale du Canadien de Montréal, le hockey junior québécois est en bonne santé financière.

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Malgré des assistances en baisse de 9% depuis cinq ans, les affaires se portent relativement bien dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), qui a dévoilé hier sa première étude sur les retombées économiques en 32 ans d'existence. «Nos revenus ont été pas mal stables au cours des dernières années, car la publicité a augmenté de façon importante, dit le commissaire Gilles Courteau. Nous ne jouons pas dans la cour du Canadien. Nous avons une clientèle familiale, nos billets sont en moyenne à 15$.»

Moteurs pour les régions

Selon l'étude réalisée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton, la LHJMQ génère un chiffre d'affaires de 40 millions de dollars et des retombées économiques directes et indirectes de 86,3 millions de dollars pour la saison 2009-2010, dont 50,4 millions au Québec. «Nous sommes un moteur économique pour des régions du Québec, dit Gilles Courteau. L'arrivée d'une équipe de hockey junior crée un engouement extraordinaire dans une ville. Le maire de Sherbrooke se rappelle le vide immense créé par le départ de l'équipe (en 2003).»

Actuellement, le tiers des équipes de la LHJMQ font des profits, un autre tiers remet un budget équilibré, tandis que le dernier tiers finit sa saison dans le rouge. «Nous sommes relativement en bonne santé financière», dit Gilles Courteau. Contrairement à la LNH, la LHJMQ ne dispose pas de système de partage de revenus, même si un comité de péréquation a été créé l'an dernier. «Nous regardons les possibilités», dit le commissaire de la LHJMQ.

Le chiffre d'affaires annuel d'une équipe de la LHJMQ est en moyenne de 2 millions de dollars. Dans la LNH, l'équipe la moins riche, les Islanders de New York, dispose d'un budget annuel de 63 millions.

Chaque année, la LNH verse entre 2,2 et 2,7 millions de dollars à la LHJMQ en guise de compensation pour repêcher ses meilleurs joueurs. Au niveau junior, ceux-ci ne reçoivent pas de salaire, mais une allocation hebdomadaire de 35$ à 75$ (les trois joueurs de 20 ans d'une équipe se partagent 1700$ par semaine). «Les joueurs voient leurs dépenses prises en charge par les équipes», dit Gilles Courteau. Après trois années de services, les joueurs peuvent obtenir une bourse d'études de la ligue jusqu'à 20 000$ sur quatre ans. Certaines équipes rajoutent une somme équivalente et les joueurs qui choisissent de porter les couleurs d'une équipe de hockey universitaire peuvent ajouter une troisième bourse d'études de l'université.

Nouveaux amphithéâtres

Au cours de la dernière année, le circuit Courteau a accueilli plusieurs propriétaires de prestige. André Desmarais, président et co-chef de la direction de Power Corporation du Canada (propriétaire de La Presse), a acquis 25% des Remparts de Québec. Un consortium formé de Quebecor (70%) et des hockeyeurs professionnels Joël Bouchard, Daniel Brière, Ian Laperrière et Jean-Sébastien Giguère (30%) a racheté le Junior de Montréal pour en faire l'Armada de Blainville-Boisbriand. La saison prochaine, la LHJMQ comptera une 18e équipe à Sherbrooke avec comme copropriétaire l'ancien gardien de la LNH Jocelyn Thibault.

D'ici cinq ans, la LHJMQ pourra aussi compter sur trois nouveaux amphithéâtres à Gatineau, Drummondville et Moncton. À Gatineau, les Olympiques auront un nouvel aréna de 5000 sièges au coût de 67 millions. À Drummondville, la facture du nouvel aréna de 5000 sièges pourrait atteindre 38 millions. Les montages financiers continuent de se négocier avec les gouvernements, mais le commissaire Gilles Courteau assure que les propriétaires des Olympiques et des Voltigeurs assumeront une partie de la facture. «Ça ne sera pas 100% d'argent public», dit-il.

À moyen terme, Gilles Courteau aimerait avoir une deuxième équipe dans la région montréalaise, dans l'île de Montréal ou sur la Rive-Sud. «Sans amphithéâtre neuf, il n'y aura pas d'équipe, dit-il. J'aimerais beaucoup avoir une équipe sur la Rive-Sud, où il y a un bassin de population et de jeunes joueurs de hockey intéressants.»

L'assistance moyenne à un match de hockey junior québécois est passée d'un sommet de 3770 spectateurs en 2005-2006 à 3441 spectateurs la saison dernière. Selon l'étude de la firme Raymond Chabot Grant Thornton, les activités de la LHJMQ génèrent 651 emplois par saison, dont 354 emplois au Québec. Les gouvernements bénéficient aussi de retombées fiscales de 8,2 millions par saison, dont 5,1 millions au Québec.