Loto-Québec et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) ont dépensé plus de 700 000$ cette année pour la location de loges au Centre Bell, révèlent des documents obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Loto-Québec a loué, pour la saison 2011-2012, deux loges au Centre Bell: l'une pour la société de loteries, qui récompense les détaillants, et l'autre pour la Société des casinos du Québec, qui invite les plus gros joueurs des casinos. Elles ont respectivement coûté 200 893$ et 275 698$ à la société d'État. La Caisse de dépôt a quant à elle déboursé 228 500$ pour sa loge au Centre Bell.

La pratique n'a rien de nouveau. Depuis trois ans, les deux loges ont coûté plus de 1,3 million à Loto-Québec. Au cours de la même période, la Caisse a dépensé 858 000$ pour la sienne. Des billets supplémentaires au prix moyen de 178$ chacun sont aussi achetés chaque année, selon les chiffres fournis par la Caisse. En 2009, la CDPQ en a acheté plus de 120, pour la somme de 21 672,62$, et environ 110 en 2010, pour la somme de 19 510$. Depuis le début de l'année 2011, la Caisse a payé 14 187$ pour des billets supplémentaires.

Depuis 2009, les loges louées par les sociétés d'État ont fait couler beaucoup d'encre. Hydro-Québec, qui, comme Loto-Québec et la Caisse, louait chaque saison une loge au Centre Bell, a d'ailleurs mis fin à cette pratique au cours de la saison 2009-2010. «C'est une décision qui a été prise pour réduire les dépenses», dit Flavie Côté, attachée de presse d'Hydro-Québec.

Manque d'éthique

Les invitations aux matchs du Canadien et aux spectacles du Centre Bell suscitent bien des interrogations. Le directeur de la chaire de management éthique de HEC Montréal, Thierry Pauchant, s'étonne qu'une entreprise en situation de monopole comme Loto-Québec ait recours à ce genre de pratique. «Le point à départager est: ces sociétés sont-elles en concurrence avec le milieu privé? Si oui, elles doivent se plier aux pratiques d'affaires. Sinon, je ne pense pas que ce soit justifiable.»

Gilles LeVasseur, professeur à l'école de gestion Telferd de l'Université d'Ottawa, regrette quant à lui que les deniers publics profitent à un gestionnaire privé (le Centre Bell) plutôt qu'à une institution publique. «C'est comme si on prenait les fonds du public pour les redonner au secteur privé. À un moment donné, le citoyen peut se demander ce qu'il en retire. Notre société exige une probité élevée. Cette probité commence par le sommet.»

Un mal nécessaire

À la CDPQ comme à Loto-Québec, on prétend qu'il s'agit d'une pratique d'affaire nécessaire.

«C'est du service à la clientèle. Loto-Québec est un monopole, d'accord, mais on a besoin de partenaires pour réussir. On a besoin de points de vente pour vendre nos billets, on a besoin de joueurs dans nos casinos. Pour nous, c'est une façon de récompenser ces gens-là. Les billets de hockey sont l'une des récompenses préférées des gens. On va continuer à le faire parce qu'on pense que c'est un bon programme dans son ensemble», fait valoir Jean-Pierre Roy, directeur des relations de presse de Loto-Québec.

La Caisse de dépôt est liée par contrat jusqu'en août 2012 au Centre Bell. Selon le directeur des relations avec les médias, Maxime Chagnon, aucune décision n'a encore été prise quant à son renouvellement.