Avec le décès de Roland Désourdy, la ville de Bromont est en deuil de son fondateur. Le Québec, lui, a perdu un de ses bâtisseurs. Le Stade olympique, l'hôpital Charles-Lemoyne et les barrages hydroélectriques dans le Nord québécois, entre autres, portent la marque de M. Désourdy, un homme de réalisations.

Décédé mercredi, à l'âge de 93 ans, Roland Désourdy était considéré par plusieurs comme un visionnaire. L'homme d'affaires et ancien maire de Cowansville a marqué profondément les Cantons de l'Est. «Mon père a eu une vie passionnante», affirme son fils, Charles Désourdy.

Passionnante, il faut l'avouer. Proche du prince Philip, époux de la reine Élizabeth II, Roland Désourdy a hébergé la famille royale dans une de ses résidences à Bromont lors de la tenue des épreuves équestres à Bromont aux Jeux olympiques de 1976. Deux ans plus tôt, le prince Philip avait visité les Désourdy à leur maison de Cowansville. Une photo de la famille et du prince en témoigne. Difficile d'imaginer pareille chose aujourd'hui, convient Charles Désourdy, qui conserve des souvenirs impérissables de ces moments.

C'est d'ailleurs grâce à celui que plusieurs se plaisaient à appeler «Monsieur Roland» que Bromont a pu accueillir le concours hippique. «C'est une relation qui datait de 20 ans avec le prince Philip. Il l'avait rencontré à des Jeux olympiques et en Angleterre à cause des chevaux», dit son fils.

Roland Désourdy était un grand amateur de chevaux. Sa contribution au monde équestre dans la région a été fort significative. «Si ça n'avait pas été de lui, il n'y aurait pas eu de Jeux olympiques à Bromont, c'est aussi simple que ça, affirme Roger Deslauriers, directeur général du Centre équestre de Bromont. On perd quelqu'un d'extraordinaire, un bâtisseur. Il a toujours eu une vision extraordinaire pour l'avenir. Les villes de Bromont et Cowansville et le monde équestre viennent de perdre un grand bonhomme.»

Roland Désourdy avait un magnétisme certain, affirme son fils. «Il attirait les gens vers lui», dit-il. Doté d'une «logique extraordinaire», il se laissait guider par «les faits et le gros bon sens» pour poser ses actions. «Il disait qu'il n'était pas un rêveur. Il avait une vision», dit Charles Désourdy, à la tête de Ski Bromont.

Grand travailleur

Lorsqu'on fait le bilan des réalisations de Roland Désourdy, force est de constater qu'il était un travailleur acharné. Aîné d'une famille de 15 enfants, fondateur de Désourdy Construction engagé dans plusieurs gros chantiers québécois, maire de Cowansville durant près de 20 ans (1955-1974) et fondateur de Bromont; M. Désourdy travaillait pratiquement toujours, reconnaît son fils. «Même quand il faisait du cheval, c'était souvent pour aller voir quelqu'un et régler des choses», souligne-t-il.

Mais Monsieur Roland n'aimait pas être sous les feux des projecteurs. Il préférait être «low profile», mentionne Charles Désourdy. Cela n'empêche pas qu'un des désirs de Roland Désourdy était de réaliser un film sur sa vie. Et cela a été fait il y a quelques années, sous la direction de Jean-François Labelle. Les segments d'entrevue de M. Désourdy côtoient les images d'archives. Des copies seront remises lors des funérailles, fait savoir son fils, fasciné par cette vie bien remplie.

Le député de Brome-Missisquoi, Pierre Paradis, a salué tout le travail accompli par M. Désourdy. «Il a apporté une contribution inestimable à toute la région. À commencer par Bromont, mais aussi à Cowansville où, comme maire, il a mis en place la structure industrielle. Avec le pénitencier, le golf, le lac Davignon; il a pratiquement rebâti la ville. Et on oublie aussi souvent Granby. Les gens travaillent à Bromont, mais plusieurs habitent à Granby. Il a contribué à un boom de la population dans l'ensemble de la région», expose-t-il.

L'implantation de grosses entreprises à Bromont, telles IBM et GE, sous l'impulsion de Roland Désourdy, fait dire à M. Paradis que certaines personnes «laissent des fondations en héritage; lui, il a laissé des jobs pour des années à venir».

Roland Désourdy est le père de Francine, Louise, Raymonde, Gérald, Robert et Charles. Il laisse aussi dans le deuil 14 petits-enfants et 12 arrière-petits-enfants. Sa dépouille sera exposée dans le hall de l'aréna de Bromont, mercredi et jeudi prochains. Les funérailles auront lieu le lendemain, à l'église St-François-Xavier.