Un buzz entoure actuellement les petites entreprises technos de la métropole, et les artisans de cette scène en émergence veulent que ça se sache. Ils prennent donc le pari de lancer l'été prochain à Montréal un premier événement international consacré aux entreprises en démarrage.

Le projet émane de Philippe Telio, organisateur bien connu des entrepreneurs montréalais pour avoir lancé Startup Camp, grand-messe bisannuelle de l'entrepreneuriat technologique local. Le jeune homme veut maintenant faire éclater les frontières et annoncera ce matin une liste préliminaire de conférenciers qui prendront la parole au nouvel International Startup Festival, qui battra son plein du 13 au 15 juillet.

«Le dernier Startup Camp a été un grand succès et on a réalisé qu'il y a beaucoup d'intérêt et de dynamisme dans la ville actuellement. Je voulais amener ça à un autre niveau, et pour moi, ça voulait dire faire entrer des gens de l'extérieur à Montréal», a expliqué M. Telio.

La liste d'invités compte plusieurs noms qui, s'ils sont peu connus du grand public, font parfois figure de véritables stars parmi la communauté de programmeurs qui rêvent de fonder le prochain Google. Dave McLure, entrepreneur à succès de San Francisco qui est justement à Montréal aujourd'hui dans le cadre d'un autre événement, sera de la partie. Stephen DeWitt, vice-président du géant américain HP, Chris Shipley, cofondateur de la firme de recherche GuideWireGroup, et Paul Kedrosky, analyste à la chaîne de télé américaine CNBC, font aussi partie de la liste que La Presse Affaires a pu consulter.

«On va annoncer d'autres gros noms bientôt», promet Philippe Telio, qui aimerait notamment convaincre des conférenciers européens de se joindre à l'événement. Quel public veut-on attirer avec ces conférences?

«À la base, c'est un événement pour les entrepreneurs en stade de démarrage. Mais quand on parle d'entrepreneurs, il y a immédiatement deux groupes qui tournent autour: les investisseurs et les mentors qui aident les entreprises», répond M. Telio.

«C'est bon pour nos entrepreneurs d'être exposés à des gens à l'international, et c'est bon pour nous de montrer aux autres notre communauté locale», continue l'instigateur de l'événement.

Si la scène techno montréalaise gagne en dynamisme, elle est encore loin d'avoir la réputation de villes comme Boston ou San Francisco.

«Ça commence à sortir de nos frontières, mais c'est encore au tout début. Évidemment, on veut profiter du festival pour amener un rayonnement sur Montréal», dit Jean-Sébastien Cournoyer, cofondateur du fonds de capital-risque montréalais Real Ventures, qui participe à l'organisation.

Philippe Telio admet qu'il n'est pas nécessairement facile de convaincre des gens connus de quitter la Silicon Valley pour venir passer trois jours à Montréal.

«C'est un peu un effet boule de neige: on attire une personne, qui nous permet d'en attirer une autre, et ainsi de suite», dit-il, affirmant que la réputation de Montréal comme ville de festival lui rend toutefois une fière chandelle.

L'International Startup Festival se tiendra d'ailleurs en plein festival Juste pour rire, et les organisateurs des deux événements ont tissé des liens.

Andy Nulman, directeur du marketing de Juste pour rire, prononcera une conférence à International Startup, qui compte faire une bonne place à l'humour. Pour percer, les entrepreneurs en devenir doivent savoir vendre leur salade aux investisseurs, et le festival leur fournira des ateliers sur la façon de le faire avec humour.

Les «présentations d'ascenseur», comme on appelle dans le milieu ces plaidoiries express destinées à séduire les investisseurs, seront aussi prises ici au sens littéral. Des entrepreneurs embarqueront dans de vrais ascenseurs avec des investisseurs... qu'ils devront convaincre le temps d'un trajet.

Des séances «micro ouvert», où n'importe quel entrepreneur pourra grimper sur une scène pour vendre sa salade, sont aussi au menu.

Parmi les commanditaires de l'événement figurent le bras de capital-risque de Rogers, la Banque de développement du Canada, la firme BDO, le cabinet d'avocats Blakes et Tourisme Montréal.

«Avant le festival South by Southwest, personne ne pensait à Austin, au Texas, comme à un endroit pour lancer des entreprises, explique Jean-Sébastien Cournoyer. Notre but, c'est de faire la même chose à Montréal.»