Les réseaux de la santé et de l'éducation seront appelés à rationaliser leur administration afin de réduire les dépenses de 5,2 milliards de dollars, avec l'objectif de revenir au déficit zéro au budget du printemps 2013.

En conférence de presse, hier, la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, a soutenu que Québec avait le pouvoir «d'imposer» aux commissions scolaires et aux établissements de santé des mesures d'économie. Les services de paie ou les achats d'équipement informatique devraient être mis en commun. Les organismes devront faire rapport de leurs progrès l'automne prochain quant à leur contribution à la réduction de 2,5 milliards des coûts d'administration de l'ensemble du gouvernement.

Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires, croit que cette démarche est à la fois «possible, souhaitable et réalisable». Ces économies ne devront pas se faire aux dépens des services, toutefois - les réseaux de l'éducation et de la santé sont déjà touchés par la directive voulant qu'on ne remplace qu'un employé sur deux qui part à la retraite dans le personnel administratif.

Plusieurs des mesures précisées hier se trouvaient déjà dans le budget du printemps dernier. Une exception, toutefois: Québec entend sabrer 200 millions de dollars dans les projets informatiques. Il n'est pas question de rouvrir des contrats, mais on doit constater que certains ministères et organismes paient le gros prix pour faire avancer, chacun de son côté, des projets souvent identiques.

Plus tôt, Mme Courchesne avait déposé à l'Assemblée nationale le projet de loi 130, qui fusionne ou fait disparaître 32 petits organismes - par exemple Recyc-Québec, l'Agence de l'efficacité énergétique, le Conseil des services essentiels, celui de la famille et celui des aînés - des économies totales de 9 millions.

L'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic estime pourtant que, avec l'abolition de ces conseils «consultatifs», le gouvernement Charest «coupe le contact avec la société civile».

«L'échec n'est pas une option», a lancé de son côté la ministre Courchesne, qui croit que cette opération minceur peut se faire sans réduire les services à la population, sans «faire mal» à qui que ce soit. Depuis 2004, avec le remplacement d'un départ sur deux, 9500 postes ont été abolis. Mais les services qui se sont ajoutés et l'augmentation de la population ont nécessité la création de 4300 postes. Comme prévu au budget, on veut sabrer 10% des dépenses d'administration et 25% des factures de publicité, pour économiser 320 millions de dollars.

La croissance des dépenses sera limitée à 2,9%, mais on accordera 3,7% à la santé. Ce secteur, en ajoutant la «contribution santé» prévue dans le dernier budget, verra tout de même son budget augmenter de 5%. Mme Courchesne n'a pas précisé ce qui remplacera le «ticket modérateur», mis de côté cet automne par le ministre Bachand, qui devait rapporter 500 millions.

On ferme le robinet pour la création de nouveaux programmes: alors qu'on y injectait 750 millions par année en moyenne, on n'y consacrera plus que 950 millions dans les trois prochaines années.

Le critique péquiste Sylvain Simard n'a rien vu de neuf dans ces annonces. «de l'occupationnel de jeudi après-midi», a-t-il tranché.

Même des compressions de 1 milliard, à préciser dans le dernier budget, sont balayées sous le tapis d'une éventuelle croissance. Ce milliard «devait aller dans des compressions à venir. Maintenant, on apprend que c'est un lampion à saint Joseph et au frère André qui va être allumé: c'est la croissance économique qui va devoir combler ce milliard.»

M. Simard ne trouve non plus «rien de nouveau face au vérificateur général, qui va arriver avec un bilan catastrophique de la situation informatique du gouvernement d'ici à quelques semaines. On vise 200 millions, il y a des milliards de dollars en cause».

«Elle nous dit aujourd'hui sur le contrôle des dépenses: «L'échec n'est pas une option.» Mais ça fait sept ans qu'ils ont perdu le contrôle des dépenses!» dit M. Simard.

François Bonnardel, de l'ADQ, s'est dit lui aussi «peu impressionné par ce plan de dépenses, un mirage où le gouvernement manipule les chiffres et joue avec les mots».

Selon l'ADQ, le gouvernement soutient s'imposer 62% de l'effort financier pour revenir au déficit zéro sur la base d'un artifice comptable. Cet effort théorique est la différence entre les dépenses qu'on laisserait croître de 4,8% par année. «Où sont les véritables coupes?» a demandé l'adéquiste.