Dans l'entité créée par la fusion d'Investissement Québec (IQ) avec la Société générale de financement (SGF), le gouvernement devra avaliser les prises de participation importantes.

Si IQ acquiert 30% d'une entreprise, le ministre du Développement économique devra approuver la décision. Et si la participation dépasse 50%, c'est le Conseil des ministres qui apposera son sceau. C'est ce que prévoit le projet de loi 123 présenté hier par le ministre du Développement économique, Clément Gignac. «Ça va améliorer la transparence», a-t-il affirmé.

La nouvelle société gardera le nom d'Investissement Québec pour éviter les dépenses causées par une nouvelle dénomination et pour conserver la visibilité déjà acquise par sa douzaine de bureaux à l'étranger.

Le ministre souhaite que la fusion soit consommée pour la prochaine année financière, en avril 2011.

Selon lui, cette fusion était nécessaire pour offrir un seul guichet aux entreprises, mais aussi parce qu'il fallait rapprocher le mandat de la SGF de celui d'IQ.

IQ fait affaire dans les prêts et garanties de prêts, et la SGF oeuvre dans le capital-actions. IQ fait ses frais, pas la SGF. Depuis 2000, elle a encaissé des pertes de 1 milliard de dollars. La moitié de ces pertes ont été subies dans les deux dernières années.

La SGF détenait près de 40% d'actions sans dividendes. Et presque pas de titres de dette. Beaucoup de gains en capital étaient donc nécessaires pour couvrir les frais annuels d'exploitation d'un peu plus de 30 millions.

«Il aurait fallu qu'on fasse beaucoup de magie dans les cinq prochaines années pour que la SGF soit bien rentable», lance le ministre.

Il croit donc que la SGF devrait désormais «jouer dans la talle» d'IQ et offrir des titres de créance.

Le PQ salue le fait que le gouvernement devra consentir aux prises de participation importantes d'IQ. «C'est transparent», dit Jean-Martin Aussant, critique de l'opposition officielle en matière d'économie, d'institutions financières et de commerce international.

Mais M. Aussant estime que le mandat du nouvel IQ est «très, très flou».

Le projet de loi décrit ainsi le mandat: «contribuer à la prospérité du Québec, conformément au plan économique du gouvernement, en stimulant et en soutenant le développement des entreprises de toute taille et de toutes les régions.»

La nouvelle société doit «complémenter et non concurrencer» les institutions financières. Elle sera tout aussi présente en région, assure le gouvernement.

Selon M. Aussant, il n'y a pas que le mandat qui est flou. La prise de risque l'est aussi. Une même société consentira des prêts et participera au capital-actions. Ces activités impliquent différentes tolérances au risque. Il aurait fallu les préciser, argue-t-il.

Quels secteurs privilégiera le nouvel IQ? Le ministre Gignac «n'écarte rien» pour l'instant, y compris le gaz de schiste. Il attend de recevoir le plan stratégique des nouveaux administrateurs, attendu pour le printemps prochain.

Le PQ estime que, dans le projet de loi, on n'insiste pas assez sur le rôle de démarchage. «Prenez l'exemple de Samsung. Ils ont récemment investi 7 milliards environ en Ontario et créé 16 000 emplois. L'investissement est passé au-dessus du Québec. La nouvelle entité devra être beaucoup plus dégourdie.»

La gouvernement prévoit que, d'ici trois ans, la fusion permettra d'épargner chaque année de 10 à 15 millions.

L'argent viendra d'économies en ressources matérielles et humaines. Par exemple, les deux sociétés totalisent aujourd'hui 23 vice-présidents. Il y en aura moins dans le nouvel IQ.

Le ministère du Développement économique ne pouvait fournir davantage de détails. Un comité spécial prépare la transition.

Le PQ craint qu'une partie de ces économies soient «cosmétiques». Par exemple, que des employés remerciés des anciennes sociétés ne soient réaffectés au ministère du Développement économique.