On les croyait ennuyés par le Canada, repoussés par la force de notre huard et retenus chez eux par la lente convalescence de leur économie. Pourtant, les voyageurs américains ont recommencé cet été à nous visiter... avec modération.

Selon les données désaisonnalisées que vient de publier Statistique Canada, 175 000 Américains sont venus au Québec en juin. Il s'agit d'une hausse de 2,4% par rapport à mai, et de 8% en comparaison à juin 2009.

Alors que le nombre de visiteurs au Québec en provenance d'autres pays que les États-Unis est demeuré à peu près stable depuis 2001, les voyageurs américains s'étaient faits plus rares d'année en année. Leur nombre a décrû de 3,2 millions en 2002 à 2 millions en 2009.

Mais depuis le début de l'année, seul le mois d'avril a montré une légère baisse (0,5%) par rapport au mois précédent. «Il y a donc une certaine tendance à la hausse au Québec», a constaté Lotfi Chahdi, gestionnaire des enquêtes sur les voyages internationaux à Statistique Canada.

Le Canada dans son ensemble a connu de même un début d'été favorable. Les 1,6 million de visiteurs américains en juin dernier représentent une augmentation de 1,5% par rapport à mai. Le Québec attire un peu plus d'un voyageur américain au Canada sur 10.

Les visiteurs étrangers en provenance d'autres pays que les États-Unis ont eux aussi été au rendez-vous en juin, avec une croissance de 5% sur le mois précédent.

«Depuis ou deux trois mois, la croissance des arrivées par voie aérienne a été supérieure à celle des arrivées par voie terrestre, a souligné Michel Archambault, titulaire de la chaire de tourisme Transat de l'UQAM. La voie aérienne génère plus de retombées économiques parce que le séjour est généralement de plus d'une nuitée.»

Le trafic transfrontalier de passagers débarqués à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau a crû de 16% au deuxième trimestre 2010 par rapport à la même période en 2009. «C'est un autre indicateur qui confirme qu'il y a un retour des Américains», a observé Pierre Bellerose, vice-président de Tourisme Montréal.

Tourisme Montréal s'en attribue une petite partie du mérite, à la suite des actions qu'elle a menées durant l'hiver. «On a été davantage sur le web, et on a approché des marchés résilients aux difficultés économiques pendant qu'ils voyagent - le marché gai, par exemple», a décrit M. Bellerose.

Ce modeste afflux a eu d'heureuses répercussions sur l'industrie hôtelière de Montréal, qui a connu en juin une hausse de fréquentation spectaculaire, quoique temporaire. Le taux d'occupation a atteint 80%, contre 66% en juin 2009. «Au mois de juin 2010, on a eu le retour d'un Grand Prix après une absence d'un an, et il a été immédiatement suivi d'un très gros congrès, le Rotary International, qui a attiré 18 000 personnes, a expliqué William Brown, vice-président de l'Association des hôtels du Grand Montréal. Ça fait toute une différence avec l'an dernier.»

En effet, juin 2009 avait été catastrophique. À peine 162 000 Américains avaient alors franchi la frontière vers le Québec. «C'était le niveau le plus bas depuis qu'on recueille de l'information», a indiqué Lotfi Chahdi.

En juillet, le taux d'occupation est revenu à un très acceptable 71,3%. William Brown estime qu'à ce rythme, le taux d'occupation annuel devrait atteindre 64%, en net progrès sur les 60,5% de 2009.

La satisfaction des hôteliers est bien sûr relative au point de comparaison. On est encore loin du taux d'occupation normal de 68%, niveau auquel il s'est maintenu en 2007 et 2008.

L'optimisme semble néanmoins renaître. «Pour les prochains mois, on a une banque de congrès confirmés, a indiqué Pierre Bellerose. Ce ne sera peut-être pas les mois les plus exceptionnels depuis 20 ans, mais ils seront quand même pas mal supérieurs à l'an passé.