Sept chantiers de construction ont été fermés hier au Québec. Alors que les syndicats de la construction menacent de déclencher une grève générale illimitée dès le 30 août, l'Association de la construction du Québec (ACQ) dénonce des moyens de pression illégaux.

C'est ainsi que sept chantiers, commerciaux et résidentiels, ont été fermés hier, faute de travailleurs, en Estrie, à Québec, à Montréal et en Outaouais. À ce dernier endroit, le chantier fermé était géré par l'entreprise de construction du président de l'ACQ pour la région, Roel Langeveld.

D'après l'Alliance syndicale, ces fermetures ne répondent pas à un mot d'ordre, mais sont le fruit d'initiatives individuelles et isolées. Une version qui peine à convaincre Lyne Marcoux, négociatrice en chef pour l'ACQ.

«C'est quand même aberrant que des gens de plusieurs régions du Québec aient la même initiative, le même matin. Les initiatives locales sont concertées. Il faut quand même que le syndicat assume les responsabilités de ses actions», dit-elle, en précisant que des plaintes avaient été déposées auprès de la Commission de la construction du Québec.

Hier matin, l'Alliance syndicale a invité les médias à une conférence de presse pour annoncer la mise en place de moyens de pression - grèves du zèle, stricte application du code de sécurité et des conventions en vigueur. Une grève générale illimitée pourrait être déclenchée à partir du 30 août.

«C'est difficile de comprendre comment autant de personnes vont sortir en grève, alors que la pierre d'achoppement est circonscrite à un sous-secteur», estime Lyne Marcoux. Selon l'ACQ, les négociations pour le secteur commercial et institutionnel sont presque réglées, mais rien ne peut être signé en raison d'un profond désaccord quant à la suppression de certaines primes qui touchent les travailleurs du secteur industriel.

Rien n'est plus faux, soutient Donald Fortin, porte-parole de l'Alliance syndicale. «Quand ils disent que l'on prend l'industrie en otage pour défendre une minorité, ils oublient de parler des 86 000 travailleurs visés par de l'intransigeance patronale», dit-il, avant d'énumérer les différends sur les salaires, le déficit de la caisse de retraite ou les congés maladies. «L'attitude de l'ACQ est de couper dans les acquis», souligne-t-il.

L'ACQ et l'Alliance ne semblent pas prêts à reculer. «Pour nous, il est important de faire le ménage dans les primes improductives», dit Lyne Marcoux. De son côté, M. Fortin prévient: «Soit les employeurs s'assoient et travaillent sérieusement, soit on fait ce que l'on a à faire.»

À Québec, la ministre du Travail Line Thériault a tenté de calmer le jeu et a invité les deux parties à poursuivre leurs discussions. «Il reste quand même 12 journées. Je les invite à s'asseoir et à continuer les négociations», a-t-elle dit avant la réunion du Conseil des ministres.

Syndiqués et patronat négocient, sans succès, depuis huit mois. Les quatre conventions collectives de l'industrie de la construction ont expiré il y a quatre mois.

- Avec la Presse Canadienne