Pour la troisième fois en moins d'un an, le milieu de la publicité québécoise se mobilise pour se rapprocher des États-Unis. Des membres de plus d'une dizaine d'agences se rendront à New York au cours d'une mission commerciale, encore une fois pilotée par l'Association des agences de publicité du Québec (AAPQ), et qui se tiendra du 29 septembre au 1er octobre.

«Ce n'est plus juste une mission commerciale du milieu de la pub, note toutefois Yanik Deschênes, président-directeur général de l'AAPQ. Les agences vont y être, mais aussi des membres de l'Association des illustrateurs, du marketing relationnel, le Bureau de cinéma et de télévision du Québec, le Cirque du Soleil et le Collectif des festivals de Montréal, notamment.»

Cela dit, l'AAPQ se réjouit de faire voyager ses membres à New York en pleine semaine de l'Advertising Week, rendez-vous majeur du milieu de la pub. «La plus importante manifestation après le Festival international de la publicité de Cannes, note Yanik Deschênes. Plus de 60 000 participants de 118 pays sont attendus. C'est une semaine incontournable de conférences, colloques, galas et soirées. S'y retrouver représente un bon coup pour l'industrie de la création montréalaise. Ça va donner de la crédibilité au milieu et encourager les acteurs à se déplacer.»

À ce titre, le milieu est prêt à investir jusqu'à 750 000$ pour ces trois jours de représentation en sol new-yorkais, motivé par les résultats des deux missions précédentes à Chicago. La première mission, qui avait pour but de présenter le service YUL-LAB (laboratoire pour créer des campagnes publicitaires et marketing à Montréal), a mené à quatre propositions d'affaires de clients américains à des agences d'ici. On parle de contrats possibles d'un demi-million de dollars dans chaque cas.

Pour l'instant, seule une entente entre L'Oréal Paris, Marketel et Nurun est officiellement signée. «Nous ne sommes pas allés en mission à Chicago comme le gouvernement, avec des contrats où il ne manque qu'une signature, explique Marie-Luce Ouellet, directrice, communications-marketing et rayonnement international de l'AAPQ. On ouvre des portes. C'est aux agences par la suite de créer et approfondir des liens affaires.»

Celles-ci conçoivent toutefois que les résultats n'arrivent pas du jour au lendemain. «Mais participer à ces missions représente un bon investissement», estime Benoît Bessette, vice-président de Cossette Montréal.

Plus que jamais, l'AAPQ profite de cette vitrine pour rendre la présence des agences mémorables. Elle a réussi notamment à insérer une Journée Montréal (conférences, cocktail dînatoire à l'appartement de fonction de John Parisella, délégué général du Québec à New York, spectacle du Cirque du Soleil dans Central Park...) à même l'Advertising Week.

Cette troisième mission prend forme alors que les agences de Montréal souffrent de la perte de plusieurs contrats de clients internationaux destinés au marché québécois. Les pertes annuelles sont difficiles à chiffrer, selon l'AAPQ. «Quand une marque mondiale décide de rapatrier son budget québécois au siège social américain, ça représente une perte de 1 à 2 millions annuellement, affirme cependant Yanik Deschênes. Avant la fragmentation des médias, Montréal était un marché considéré comme suffisamment grand pour que les clients consacrent un budget spécifique à la création des campagnes ici. Cela dit, on croit que notre industrie, qui a progressé depuis 50 ans, est capable de soutenir de grandes marques.»

«Les marchés se mondialisent, ajoute Benoît Bessette. De plus en plus, les clients n'ont pas de problèmes à faire des affaires à distance.»